Le réalisateur espagnol, symbole du cinéma contemporain de l’Espagne après la période franquiste, a réalisé pour la première fois un film en langue anglaise. Pour ce projet, il a choisi de travailler avec deux actrices de renom : l’Anglaise Tilda Swinton et l’Américaine Julianne Moore. Le thème central de ce film est la fin de vie.
Pedro Almodóvar fait ses débuts en anglais avec « La chambre d’à côté »
Le 8 janvier, le célèbre réalisateur espagnol Pedro Almodóvar dévoile son 23e long métrage au public, mais cette fois, c’est une première : il a tourné en anglais. « La chambre d’à côté » nous transporte de l’autre côté de l’Atlantique, à New York.
Renouer avec des amitiés oubliées
À New York, Ingrid (jouée par Julianne Moore) et Martha (interprétée par Tilda Swinton) se retrouvent après une longue période de séparation. Leur amitié, autrefois vivace, fait face à un défi lorsque l’une d’elles sollicite l’autre pour l’accompagner dans sa mort.
Accompagner, un acte de présence essentiel
Pedro Almodóvar souligne l’importance de l’accompagnement face au choix de la fin de vie avec dignité. Il évoque combien il est primordial d’être aux côtés de ceux qu’on aime, surtout dans un monde polarisé où la haine s’exprime souvent. Selon lui, être présent, même en silence, reste le plus beau geste que l’on puisse offrir.
L’épreuve du temps sur l’amitié
L’idée que les amitiés peuvent reprendre là où elles s’étaient arrêtées, même après des années, est une thématique universelle. Pourtant, certaines amitiés s’étiolent, parfois inévitablement. Les amitiés durables servent de lien précieux avec les souvenirs de jeunesse, évoquant des époques passées riches en émotions.
L’accompagnement vers la mort : un acte courageux
Martha, après avoir essuyé plusieurs refus d’autres amis, demande à Ingrid de l’aider dans son dernier voyage. Aux États-Unis, l’euthanasie n’est pas légiférée comme en Espagne. Ingrid prend conscience de la solitude de Martha face à sa décision et choisit de lui apporter soutien et réconfort.
Le défi du silence dans la narration cinématographique
Contrairement aux films habituellement très dialogués d’Almodóvar, celui-ci laisse une grande place au silence, particulièrement sur le visage de l’écouteuse. Julianne Moore incarne ce rôle d’auditrice silencieuse face à Tilda Swinton, incitant ainsi le public à lire au-delà des mots, dans les regards et les expressions.
Un film empreint d’austérité parmi des couleurs familières
Bien que le sujet traite de la mort, Almodóvar a su éviter le piège du sentimentalisme. Les couleurs vives, appelées « spanish spirit », apportent une touche de vitalité sans excès émotionnel. Cela confère au film une qualité austère, malgré la richesse visuelle typique du réalisateur.
Retour au cœur de l’esthétique visuelle d’Almodóvar
La signature visuelle d’Almodóvar, avec ses rouges, jaunes, et verts prononcés, est toujours présente, rappelant les jours où le Technicolor dominait les écrans. Cette flamboyance chromatique est un hommage à l’époque où il a découvert le cinéma, marquée par le désir d’un contraste éclatant.
La lutte pour le droit de décider de sa fin de vie
Le thème de la fin de vie lui tient particulièrement à cœur, défendant l’idée que chacun devrait avoir la liberté de choisir sa mort, surtout face à la douleur. Almodóvar évoque ce combat, exacerbant les tensions religieuses et politiques, notamment en Espagne où la loi est encore contestée par certaines factions conservatrices.
L’influence maternelle sur l’art du récit
Dans son livre « Le dernier rêve », Almodóvar attribue à sa mère son goût pour la fiction. Elle lui aurait montré l’art d’embellir la réalité, lisant et écrivant pour les autres de façon imaginative, ce qui a forgé son propre regard sur le pouvoir de la narration dans la vie quotidienne.
Complicité avec le public sur plusieurs générations
Au fil de sa carrière, Almodóvar a su établir un lien fort avec son public, qui a grandi avec ses films. Cette relation, qu’il considère comme un miracle, est pour lui la récompense ultime de son travail cinématographique, témoignant de la profondeur de l’impact de son art sur les générations successives.