Selon le vice-président du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, la décision concernant le vote de la motion de censure contre le gouvernement dirigé par François Bayrou n’a pas encore été finalisée. Le Rassemblement national affirme qu’il souhaite se donner le temps nécessaire avant de faire un choix.
« Nous allons peser le pour et le contre » d’une potentialité de censure, a déclaré lundi au programme 42mag.fr soir Laurent Jacobelli, porte-parole du Rassemblement National et vice-président du groupe RN à l’Assemblée nationale, en réaction à l’utilisation par François Bayrou de l’article 49.3 de la Constitution pour engager la responsabilité de son gouvernement à deux reprises sur les budgets de l’État et de la Sécurité sociale, permettant ainsi leur adoption sans vote mais les exposant à des motions de censure.
« Nous avons pris le temps de la réflexion. Deux jours de réflexion, c’est ce que nous avons avant de voter sur la motion de censure », précise Laurent Jacobelli. « C’est un équilibre qu’il faut trouver », explique le député RN de Moselle. Il critique « un très mauvais budget qui accentuera la diminution du pouvoir d’achat des classes moyennes, compliquera davantage la vie des entrepreneurs, et ne résoudra pas les questions de sécurité ou d’immigration ». Face à ce « mauvais budget », il se demande : « Est-ce que la meilleure réaction à ce mauvais budget est la censure ? Là aussi, il y aura des conséquences. » L’« intérêt » du Rassemblement National est que « cette période soit la moins éprouvante possible pour les Français. C’est avec cette perspective que nous prendrons notre décision », promet Laurent Jacobelli.
Analyse des positions d’autres partis
Le porte-parole du RN critique les positions des autres partis sur leur décision de censurer ou non le gouvernement de François Bayrou. Il critique ceux « qui sont prompts à dégainer la censure ». « Je pense à La France insoumise qui censure sans même prendre connaissance du projet », plaisante le député. « Il y a aussi ceux qui renoncent trop facilement, Les Républicains, prêts à tout accepter. Ils appartiennent au gouvernement mais n’ont été entendus sur aucun sujet, ni sur l’aide médicale d’État, ni sur les mesures fiscales, rien. » Les LR « acceptent tout sans broncher ».
Laurent Jacobelli critique encore « les socialistes qui se compromettent pour obtenir le meilleur benéfice possible ». « Lors des élections, ils s’associent à l’extrême-gauche pensant que c’est le meilleur moyen de gagner. Ensuite, une fois les élections passées et ne voulant surtout pas retourner aux urnes car ils ne sont pas prêts, ils s’allient avec le gouvernement. Où sont leurs convictions ? Quel est leur engagement envers les Français ? Honnêtement, il est difficile de le dire. »
Prendre le temps de la réflexion
Face à ces différents positionnements, « nous prenons le temps nécessaire », affirme le porte-parole du RN. « Nous sommes le premier parti de France, avec le premier groupe à l’Assemblée nationale. Nous disposons du temps pour réfléchir et pour prendre la meilleure décision possible. C’est ce que nous ferons avec Marine Le Pen et Jordan Bardella ».
Pour « s’en sortir », Laurent Jacobelli affirme : « Il est nécessaire de retourner aux urnes. Il est évident qu’une dissolution de l’Assemblée nationale est nécessaire. » Cette dissolution ne peut être institutionnellement envisagée avant le mois de juillet. « Attendons le mois de juillet », reconnaît le député RN. « D’ici là, évitons le pire pour les Français. C’est ce que nous allons tenter de faire. » « Mais ce pays a besoin d’une majorité claire », plaide le porte-parole du RN. Il condamne « les petites magouilles honteuses du ‘je me désiste pour LFI, si on permet aux LR de passer et que le centre puisse s’imposer' ». « S’il n’y avait pas eu ce faux front républicain, nous aurions une majorité Rassemblement National et pourrions mettre en œuvre une politique approuvée par des budgets adoptés. C’est là notre objectif », ajoute Laurent Jacobelli.