Voici le récit de ce qu’Andy Kerbrat, député de La France insoumise, qualifie de « chute libre » : il a été arrêté en octobre 2024 tandis qu’il recevait une livraison de stupéfiants. Plusieurs mois se sont écoulés avant qu’il ne décide de prendre la parole publiquement et il a choisi de le faire lors de l’émission « Envoyé spécial ». C’était la première fois qu’il abordait ses problèmes de dépendance à l’écran.
Qui achète aux nouveaux revendeurs de drogue, ces individus qui utilisent les réseaux sociaux et les applications mobiles pour leur commerce illégal ? La clientèle de ces dealers modernes est très variée, couvrant toutes sortes de profils et de milieux sociaux. Elle inclut même des membres de l’Assemblée nationale. Par exemple, Andy Kerbrat, représentant de la Loire-Atlantique pour le parti La France insoumise, a été surpris en flagrant délit d’acquisition de drogues illicites. Ce moment est aussi la première occasion pour lui de s’ouvrir à la télévision sur ses problèmes de dépendance. Lorsqu’Andy Kerbrat a été interrogé par l’émission « Envoyé spécial », juste avant les fêtes de Noël, il se trouvait en pleine cure de désintoxication, était en arrêt de travail et attendait de pouvoir entrer dans un établissement spécialisé.
Andy Kerbrat consommait de la 3-MMC en injection intraveineuse. Cette drogue synthétique est souvent utilisée dans un cadre sexuel, une pratique appelée « slam », et il se la faisait livrer. Même dans son rôle de député ? « Bien entendu ! Beaucoup de gens procèdent ainsi », répond-il, précisant que ce n’est pas l’environnement de l’Assemblée nationale qui l’a initié à cette substance. Pour lui, cela résulte simplement du décès de sa mère auquel il n’a pas su faire face. Cherchant un moyen de compenser sa douleur alors qu’il était déjà élu, il s’est lentement laissé entraîner dans une spirale infernale.
Arrêté lors de l’achat de 3-MMC à un jeune livreur de 14 ans
Bouffé par le remords de ne pas être à la hauteur de sa fonction, mais malgré tout piégé par sa dépendance, le député raconte qu’il passait commande presque chaque semaine en ligne, via des applications de messagerie… jusqu’au jour fatidique d’octobre 2024. Dans une station de métro située dans le 18e arrondissement parisien, Andy Kerbrat a été appréhendé alors qu’il effectuait un achat auprès d’un livreur de 14 ans, pour une quantité dépassant légèrement un gramme de 3-MMC.
Malgré cet incident, le député n’a pas quitté ses fonctions. Il est conscient que le chemin de la guérison sera long. Ayant grandi avec un parent dépendant de l’héroïne, il sait tout « à quel point cela peut détruire ». Avec détermination, il affirme : « Je dois m’en sortir, sinon cela me tuera ».
Depuis que le reportage a été tourné, « Envoyé spécial » a pris des nouvelles d’Andy Kerbrat. Après six semaines d’hospitalisation, il se sent beaucoup mieux, même si tous ses soucis ne sont pas réglés. Dans quelques jours, il devra comparaître devant un tribunal pour consommation de substances interdites. L’Assemblée nationale, de son côté, enquête pour vérifier s’il a financé ses achats illicites avec des fonds publics. « Ce n’est pas le cas », affirme-t-il, bien décidé à rester député jusqu’au terme de son mandat.
Extrait de « Drogue à domicile », un reportage diffusé dans « Envoyé spécial » le 13 février 2025.