Confronté à des difficultés économiques, le constructeur automobile Volkswagen étudie la possibilité de diminuer ses dépenses en interrompant l’activité de quelques-unes de ses usines situées en Allemagne. Cette mesure risque d’avoir des répercussions majeures sur les sociétés sous-traitantes associées à la marque, qui connaissent déjà des problèmes importants.
Volkswagen, le deuxième constructeur automobile mondial et propriétaire de marques comme Porsche, Audi et Škoda, traverse actuellement une période difficile. En 2024, ses bénéfices ont subi une chute de plus de 50%. Les ventes à l’international, surtout en Chine, ont considérablement diminué, alors que les véhicules électriques chinois envahissent peu à peu le marché allemand. « Les constructeurs chinois fabriquent des voitures électriques à des coûts bien inférieurs, et aujourd’hui, nous sommes en retard comparé à nos concurrents, déclare Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Centre de recherche automobile de Bochum. Cela touche toutes les marques allemandes. Pendant ce temps, les Chinois ouvrent de plus en plus d’usines en Europe, et dans le domaine du véhicule électrique, ils dominent désormais le marché mondial. Pour Volkswagen, le défi est majeur : il faut se réinventer et réagir rapidement !«
En 2015, Volkswagen avait déjà dû faire face à une crise majeure avec le scandale du « Dieselgate » qui avait ébranlé l’industrie automobile mondiale. Une organisation non gouvernementale américaine avait révélé que les moteurs du géant allemand avaient été truqués pour masquer les véritables niveaux d’émission d’oxydes d’azote. L’image de Volkswagen avait été ternie, et l’entreprise condamnée à verser 15 milliards d’euros d’amende.
Les difficultés ne se sont pas arrêtées là. La direction de l’entreprise a récemment initié un plan de restructuration et de réduction des capacités de production, une première dans l’histoire de Volkswagen. Le secteur automobile est essentiel à l’économie allemande : il compose à lui seul 10% du PIB national et offre près d’un emploi sur 10, en grande partie dans les petites et moyennes entreprises.
L’augmentation des coûts énergétiques de plus de 22% en deux ans
À Soltau, en Basse-Saxe, un des centres industriels de l’Allemagne, la situation préoccupe les chefs d’entreprise comme Andreas Röders, qui dirige G.A. Röders, une fonderie familiale depuis six générations fondée en 1814. En deux siècles, d’existence, cette entreprise, qui produit des pièces pour l’automobile, le secteur médical et l’aéronautique, a surmonté nombre de crises économiques en Allemagne. « Quand j’ai pris la relève il y a trente ans, explique-t-il, l’affaire évoluait de façon fluide. Nous pouvions prédire que l’année à venir serait assez semblable à celle qui venait de s’écouler. C’était une situation de grande stabilité, mais depuis 2018, tout a changé. Nous avons affronté crise après crise, et désormais, nous devons constamment nous ajuster et réagir à de nouveaux défis.«
Récemment, Andreas Röders a dû faire face à l’augmentation fulgurante des coûts de l’énergie. Entre 2021 et 2024, sa facture de gaz est passée de 11 400 à 13 900 euros, soit une hausse de 22% alors même que la consommation de sa fonderie a diminué. « Nous avons longtemps bénéficié du gaz à bas prix en provenance de Russie. Cela s’est brutalement arrêté avec le conflit en Ukraine, raconte Andreas Röders. En 2022, nous avons fait un prévisionnel, et il était évident qu’à la fin de l’année, la faillite était inévitable : tous nos fonds avaient été engloutis par le gaz et l’électricité. Heureusement, nos clients ont compris la situation et ont accepté les nouveaux tarifs. Pourtant, il est crucial que le coût de l’énergie redescende. Et il faut également alléger la bureaucratie ; certaines contraintes imposées par Bruxelles et Berlin sont tout bonnement impossibles à respecter.«
Extrait de « Allemagne : la grande panne », diffusé dans « Nous, les Européens(Nouvelle fenêtre) » le 13 février 2025.