L’entreprise américaine GameStop est en quête d’un acheteur pour les magasins Micromania situés en France. Selon Olivier Bénis, un journaliste expert en jeux vidéo à France Inter, la chaîne française fait face à une double pression concurrentielle : celle des grandes surfaces et celle de la montée en puissance des achats numériques.
Micromania : Vers une fermeture imminente ?
L’avenir des boutiques de jeux vidéo de l’enseigne Micromania est en suspens. GameStop, la maison mère américaine de la marque française, a fait savoir qu’elle cherchait un acquéreur pour ses magasins, mettant ainsi en jeu l’avenir de plus de 300 points de vente et de 1 200 employés. Cette situation résulte d’une acquisition réalisée par GameStop en 2008, à une période où la concurrence n’avait pas encore basculé vers le digital et où les achats en boutique physique étaient la norme. Olivier Bénis, journaliste expert en jeux vidéo pour France Inter, explique à 42mag.fr que « le secteur du jeu vidéo n’a jamais aussi bien fonctionné, mais il s’est digitalisé presque entièrement. »
Pourquoi une telle décision de vente ?
Comme l’indique Olivier Bénis, depuis 2008, le marché des jeux vidéo a subi une transformation profonde, basculant en grande partie vers la dématérialisation. Autrefois, les joueurs achetaient des jeux sur PC en magasin sous forme de boîtes physiques. Mais l’émergence de plateformes comme Steam a bouleversé le marché en offrant des jeux sous format numérique, souvent à des prix inférieurs, grâce à des réductions importantes de l’ordre de 80 % à 90 % sur des titres généralement vendus entre 50 et 80 euros. Cela a mené à la disparition progressive des jeux en boîte dans les rayons.
L’impact des consoles sur cette tendance
Les fabricants de consoles ont scruté ce changement avec intérêt, se posant la question de sa pertinence pour leurs produits. Initialement, certains joueurs restaient attachés à posséder matériellement leurs jeux, appréciant les boîtiers, les jaquettes, voire la possibilité de revente. Cependant, des géants comme Xbox et Microsoft ont innové avec des services types Game Pass, proposant un large éventail de jeux téléchargeables pour un abonnement mensuel modique, ce qui a bouleversé l’industrie.
Le développement des boutiques numériques
Le secteur des jeux vidéo s’est également enrichi grâce à la création de boutiques en ligne par Nintendo, Sony et Microsoft. Avec leurs offres promotionnelles fréquentes, même pour les nouvelles sorties, le public s’est peu à peu détourné des achats en boutique physique, ce qui a rendu ces derniers davantage objets de collection.
Évolution des habitudes de consommation
Au-delà des critères économiques, un changement culturel s’est opéré au début des années 2000. Les joueurs se sont progressivement accommodés de la dématérialisation, acceptant de télécharger des jeux sans édition physique pour des raisons de coût et de facilité, grâce à des connexions internet plus performantes.
Impact sur le marché des magasins physiques
Ces dernières décennies ont été difficiles pour les boutiques physiques. De 2012 à 2013, une vague de fermetures et de crises a secoué ce secteur. Des enseignes comme Game ont sombré alors que Micromania, ayant récupéré de nombreux magasins, s’est retrouvée en quasi-monopole. Malgré sa fusion avec Zing, pour offrir des produits dérivés de la culture pop et des jeux vidéo, la viabilité commerciale n’a pas suffi et GameStop juge ces efforts peu rentables face à un concurrent unique, Gamecash, possédant seulement 60 établissements.
Crise et mutation du secteur
Paradoxalement, la pandémie a été propice pour l’industrie avec une explosion des ventes numériques. En France, selon les données récentes du Sell, les revenus atteignent environ 6 milliards d’euros, un sommet historique. Cependant, ceci s’accompagne du recul des ventes physiques.
Quel avenir pour les boutiques traditionnelles ?
Les magasins de jeux vidéo ne sont pas voués à disparaître définitivement. Nombre de boutiques indépendantes perdurent en proposant des jeux d’occasion et en se tournant vers le rétrogaming. Si GameStop ne trouve pas de repreneur, les fermetures seront inévitables, mais il existe une possibilité de rachat, comme ce fut le cas après la fermeture de Game en 2013, où plusieurs repreneurs s’étaient manifestés, parmi lesquels Micromania et même Illiad de Xavier Niel.
Ainsi, même si le secteur est aujourd’hui radicalement différent, il demeure attrayant, bien que les grandes surfaces exercent une pression supplémentaire en vendant des jeux, souvent à des tarifs compétitifs comparés à Micromania, en endommageant davantage le marché des boutiques spécialisées.