La nomination de Richard Ferrand a été confirmée de manière serrée, en partie grâce au choix des députés d’extrême droite de s’abstenir lors du vote. Bien que cela ne repose sur aucune preuve concrète, plusieurs membres du Parlement ont interprété cette situation comme une forme de collaboration destinée à favoriser Marine Le Pen dans un avenir proche.
Une Preuve d’Approbation Mince et Précise
Grâce à une abstention décisive du Rassemblement national, Richard Ferrand s’est vu attribuer par le Parlement la présidence du Conseil constitutionnel, sa désignation ayant été proposée par Emmanuel Macron. Le 19 février, après un scrutin serré au sein des commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat, la candidature de Ferrand a triomphé de justesse. Les votes ont été répartis entre 39 en faveur et 58 contre, manquant d’une voix pour atteindre les trois cinquièmes nécessaires afin de bloquer sa nomination.
Les critiques émanent autant de l’opposition de gauche que de celle de droite, soulignant l’étroitesse de la validation prédestinée à provoquer des débats. Certains élus ont même incité Emmanuel Macron à abandonner cette procédure de nomination avec des mots forts. « Les parlementaires socialistes, dirigés par Patrick Kanner et Boris Vallaud, ont sollicité le président pour qu’il renonce à l’élévation de Richard Ferrand », a proclamé le groupe PS en début de journée. Mélanie Vogel, sénatrice écologiste, a déclaré sur Public Sénat : « Nous exigeons du président de la République qu’il ne procède pas à cet acte ».
L’idée d’une collusion entre le camp présidentiel et le Rassemblement national a surgi, bien que non appuyée par des preuves tangibles. Mathilde Panot, tête des députés insoumis, a parlé d’un candidat « endorsé » par le RN, soulevant la question : « Quel est l’accord secret en jeu ? »
Une Première Décision Attendue de Pied Ferme
Sur LCP, Olivier Marleix, ex-leader des députés Les Républicains, a exprimé ses suspicions quant à un « arrangement secret impliquant Marine Le Pen et Macron ». Selon lui, la position d’abstention du RN est intrigante : « Quelle motivation pour Mme Le Pen ? On ne peut s’empêcher de penser aux décisions imminentes du Conseil constitutionnel concernant une QPC sur l’éventuelle inéligibilité de Mme Le Pen ». Ce point a été appuyé par le député Julien Dive sur la plateforme X, qui a critiqué l’orientation du RN vers Richard Ferrand, la qualifiant de « soutien à une nomination illégitime ».
Pour décoder les critiques visant l’éventuelle alliance entre le pouvoir en place et l’extrême droite, il faut prendre en compte l’apparition prochaine de décisions politico-judiciaires importantes en ce début d’année. Le 31 mars, Marine Le Pen saura ce qu’a décidé la justice concernant l’affaire des assistants parlementaires du FN, où des peines lourdes ont été souhaitées par le parquet, incluant l’inéligibilité.
Avant le verdict, qui pourrait compromettre Le Pen pour la présidentielle de 2027, un autre jugement est attendu. « La QPC et le verdict imminent touchant Marine Le Pen sont présents à l’esprit », rappelle le député Jean-Didier Berger à 42mag.fr, ciblant une requête soumise par un conseiller municipal, dont le sort a été confié au Conseil constitutionnel, chargé de trancher d’ici début avril.
Les Sages doivent-ils songer à la constitutionnalité d’une exécution provisoire de peine ? Et comment cela influerait-il sur la candidate du RN ? La réponse pourrait être l’une des premières tâches pour Richard Ferrand. Pour l’opposition, revenir sur cette inéligibilité pourrait paraître comme un remerciement aux figures RN n’ayant pas bloqué son accession.
Retours Désapprobateurs au Sein des Partis
Face à ces allégations, les membres du parti présidentiel comme ceux du RN affirment fermement qu’il n’existe aucun « deal », selon Matthias Renault, député RN, sur X. Le discours de la gauche faisant mention de complot est perçu comme une preuve de complotisme par certains membres du RN, pour qui « Richard Ferrand était le moindre des maux ».
Jean-Philippe Tanguy, en tant que vice-président du groupe RN, a affirmé : « Nous avons évité par notre choix des alternatives comme [Christiane] Taubira ou [Eric] Dupont-Moretti ».
Du côté macroniste, François Patriat a pris position contre les insinuations de Marleix et critiqué le manque de cohérence avec le groupe Les Républicains : « Les propos tenus dénotent une amertume injustifiée ». Il a insisté sur le fait que « Richard Ferrand ne sera soumis à aucune pression » et que son intégrité reste indiscutable.