La secrétaire générale de l’Union syndicale des magistrats met en avant l’importance capitale du langage corporel ainsi que de l’interaction directe lors des interrogatoires. Selon elle, ces éléments non verbaux jouent un rôle déterminant dans la conduite des enquêtes. Par ailleurs, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, insiste sur le fait que la libération de individus jugés extrêmement dangereux représente un véritable danger, soulignant que cela constitue une prise de risques considérable pour la sécurité publique.
« Une visioconférence aurait pu être envisagée, mais les juges n’ont pas jugé cela nécessaire », a expliqué mercredi 4 juin sur 42mag.fr Alexandra Vaillant, secrétaire générale de l’Union syndicale des magistrats (USM), au sujet de l’imminente extraction de Mohamed Amra de sa prison ultra-sécurisée. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, préférait que le magistrat se déplace directement plutôt que de faire sortir le trafiquant de drogue, déjà responsable d’une évasion meurtrière en 2024.
« Il est crucial de maintenir un contact direct, sans recours à une caméra, entre le juge et la personne mise en examen », a souligné Alexandra Vaillant, en insistant sur « la nécessité pour les magistrats de conserver la possibilité de procéder à un interrogatoire en présentiel ». Âgé de 31 ans, le trafiquant doit être extrait « la semaine prochaine » de sa prison ultra-sécurisée à Condé-sur-Sarthe, afin d’être entendu par les juges d’instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco) à Paris.
La décision revient aux magistrats instructeurs
« Une grande partie de la communication passe par le langage corporel, le comportement, la manière de s’exprimer, dans la dynamique des échanges », met en avant la secrétaire générale de l’USM. Pour Alexandra Vaillant, « c’est aux juges d’instruction d’estimer les moyens appropriés pour faire avancer leur enquête, dans le respect de la recherche de la vérité ».
« Faire sortir des individus aussi dangereux de prison comporte des risques considérables. Nous devons nous adapter à cette situation, soit en favorisant le déplacement du juge, soit en ayant recours à la visioconférence », a de son côté déclaré le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Lors d’une extraction précédente, en mai 2024, Mohamed Amra avait profité d’une évasion organisée par ses complices, durant laquelle deux agents pénitentiaires avaient perdu la vie et trois autres avaient été gravement blessés. Le multirécidiviste, déjà poursuivi dans d’autres dossiers judiciaires, était alors parvenu à se soustraire à la justice pendant neuf mois avant d’être appréhendé le 22 février à Bucarest, en Roumanie.