Présente sur le plateau des « 4 Vérités » ce mercredi 2 juillet, Valérie Pécresse, qui occupe la fonction de présidente de la région Île-de-France, a abordé les différentes stratégies à mettre en œuvre pour faire face aux conséquences du changement climatique ainsi qu’aux épisodes de températures élevées.
La France vient de traverser un épisode de canicule intense, avec une vigilance rouge en Île-de-France dès le mardi 1er juillet, avant de passer à une vigilance orange le lendemain, mercredi 2 juillet. Face à ces phénomènes climatiques extrêmes, comment repenser l’aménagement urbain et le système de transport pour faire face au changement climatique ? Le journaliste Jean-Baptiste Marteau s’est entretenu avec Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, lors de l’interview des « 4 Vérités » diffusée le mercredi 2 juillet.
Voici la retranscription partielle de cet échange. Pour voir l’interview complète, cliquez sur la vidéo.
Jean-Baptiste Marteau : Toute la France a été touchée par cette vague de chaleur et l’Île-de-France a quitté la vigilance rouge mercredi 2 juillet. Avez-vous déjà obtenu des retours des services de secours ou des hôpitaux de la région ? A-t-on constaté un afflux important de patients ?
Valérie Pécresse : J’ai été en contact hier soir avec le préfet de la région pour faire le point sur la situation des personnes en grande difficulté, notamment celles sans-abri. Un effort considérable a été déployé pour accueillir plus de 500 individus dans des structures climatisées. En effet, lors d’épisodes de chaleur extrême, les laissés-pour-compte exposés à la rue risquent la vie s’ils ne sont pas protégés par des lieux rafraîchis.
Valérie Pécresse, de quelle approche êtes-vous plutôt ? Faites-vous partie de ceux qui prônent une adaptation de nos modes de vie pour affronter des étés de plus en plus chauds, conséquence du réchauffement climatique ? Ou considérez-vous que ces épisodes de chaleur ne durent que quelques jours par an et qu’il n’est pas nécessaire de bouleverser nos habitudes ?
Notre position est claire. Nous sommes fortement mobilisés à la fois pour réduire le réchauffement climatique et pour nous y préparer. Nous avons adopté, il y a plusieurs années, un plan dédié à l’adaptation climatique, car nos villes doivent se transformer. La priorité réside dans la renaturation urbaine, c’est-à-dire remplacer le béton par des arbres. Ce chantier a été engagé il y a déjà un certain temps. Nous avons investi plus de 100 millions d’euros dans ces projets d’adaptation.
Concrètement, s’adapter, cela signifie planter un million d’arbres, ce que nous avons réalisé en une décennie. Il s’agit aussi d’installer des points d’eau, des fontaines nombreuses parmi celles que nous finançons, de créer des mares et d’aménager des abris pour lutter contre la chaleur. Pour que les habitants de la région soient informés, nous avons mis en place une carte interactive accessible en ligne qui recense tous les abris climatiques. Ainsi, chacun peut localiser un espace climatisé, un commerce ou un aménagement ombragé, à moins de dix minutes de chez soi. Cette carte est disponible en tapant « Abris climatiques Île-de-France » sur Internet. Mais nos démarches vont au-delà : nous avons désimperméabilisé 200 places publiques et autant de cours de lycées pour créer des “cours oasis” rafraîchissantes. Nous soutenons financièrement les communes pour qu’elles aménagent leurs écoles. Certes, ce sont des investissements importants, mais indispensables, notamment quand on anticipe des hausses de température pouvant dépasser 4 degrés d’ici à la fin du siècle.
« L’écologie doit avant tout être une préoccupation humaine »
Certains, y compris dans votre famille politique, semblent vouloir réduire certaines obligations environnementales. Par exemple, la suppression des zones à faibles émissions a été votée à l’Assemblée nationale. Certains élus jugent que la transition écologique est allée trop loin. Quel est votre regard à ce sujet ?
Pour moi, l’écologie est d’abord une question humaine. C’est une affaire de santé, de bien-être. Pourquoi le dis-je ? Parce qu’il s’avère qu’en Île-de-France, en matière de chaleur, cela touche aussi les transports. Par exemple, lorsque la gauche, aux commandes avant moi avec les écologistes, avait interdit la climatisation dans les transports pour des motifs environnementaux, cela a eu un effet inverse à celui recherché. Sans climatisation dans les rames surchauffées, de nombreux Franciliens prenaient leur voiture pour éviter les transports en commun trop étouffants. Nous avons donc rapidement mis en place un vaste programme de climatisation des transports depuis mon arrivée en 2016, anticipant le réchauffement à venir et l’exigence de confort. À ce jour, tous les nouveaux trains que nous achetons disposent d’une climatisation, avec plus de 1 200 rames climatisées dans le réseau RER. Nous avons progressé : aujourd’hui, 60 % de notre matériel est climatisé, partant de zéro en 2016.
Selon une enquête du Parisien, seules 7 lignes de métro à Paris bénéficient d’une ventilation réfrigérée, ce qui reste différent d’une vraie climatisation comme dans certains pays étrangers.
Précisons que nous ne viserons pas une climatisation « dure » dans les métros. Ce que nous mettons en place, c’est une ventilation réfrigérée, plus adaptée au corps humain, qui permet d’abaisser la température de 3 à 5 degrés selon la densité des passagers. Une climatisation trop forte demande énormément d’énergie et n’est ni souhaitable ni souhaitée pour ces espaces fermés.
Objectif : Bus tous équipés d’ici 2029
Plusieurs conducteurs de bus ont récemment dénoncé sur les réseaux sociaux le fait que tous les bus ne sont pas climatisés, ce qui les expose à des températures pouvant atteindre 40 degrés dans la cabine…
Effectivement, c’est une lourde responsabilité pour ceux qui ont imposé, durant 17 ans, l’interdiction d’acquérir des bus climatisés dans la région. Cela explique pourquoi nous avions un retard énorme à rattraper. Aujourd’hui, tous les bus que nous achetons sont climatisés. La transition prend du temps, mais d’ici 2029, l’ensemble du parc de bus régional sera non seulement ventilé mais aussi propre.
Marine Le Pen a déclaré que la climatisation sauve des vies et propose un grand plan de climatisation si elle parvient au pouvoir. Pensez-vous que la France doit miser uniquement sur un plan massif de climatisation ?
Ce que je peux dire, c’est que si Marine Le Pen accède au pouvoir, elle risque de provoquer la faillite de notre système de retraites. Or, si nos finances sont en crise, il n’y aura pas d’argent pour financer des programmes d’adaptation comme la climatisation. Il est donc inutile de faire des promesses irréalistes sans tenir compte de la gestion économique. Mieux vaut assurer une bonne gouvernance de la France.