Le groupe automobile, issu d’une alliance franco-italo-américaine, a informé ce lundi les organisations syndicales qu’il suspendrait l’activité de son site des Yvelines pendant trois semaines au mois d’octobre, en expliquant que cette décision était motivée par un contexte de marché européen difficile.
« C’est une situation sans précédent ici, » font savoir les syndicats. Stellantis, le groupe qui porte les marques Peugeot, Fiat et Chrysler, a annoncé lundi 22 septembre qu’il mettait en stand-by l’activité de son usine de Poissy (Yvelines) pendant trois semaines, en raison des difficultés du marché automobile en Europe. Cette décision a été confirmée par le groupe franco-italo-américain, contacté par 42mag.fr.
À partir du 13 octobre, les deux mille salariés du site seront mis en chômage partiel et en congés sur une période de trois semaines. 42mag.fr revient sur les raisons qui rendent cette mesure particulièrement préoccupante.
Parce qu’elle s’inscrit dans un mouvement qui touche six sites en Europe
La décision a été annoncée aux représentants du personnel lors d’une réunion extraordinaire du comité social et économique (CSE), précise Jean-Pierre Mercier, porte-parole de SUD Poissy. Concrètement, l’arrêt des chaînes devrait démarrer le 13 octobre et se terminer le 31 octobre. Il est prévu d’associer « trois jours de congés payés et douze jours de chômage partiel », résume le syndicaliste. C’est une situation inédite pour Poissy, à l’exception de la période mouvementée liée à la crise sanitaire du Covid-19.
Mais Poissy n’est pas le seul site du groupe à être touché. L’usine d’Eisenach, en Allemagne, sera fermée pendant cinq jours, tandis que celles de Saragosse et Madrid (Espagne) le seront respectivement pour sept et quatorze jours. Le site de Tychy, en Pologne, ne fonctionnera pas pendant neuf jours et Pomigliano, en Italie, sera à l’arrêt durant quinze jours, d’après une source proche du dossier qui confirme une information relayée par Les Echos.
Parce que le marché automobile est atone
Selon l’AFP, Stellantis justifie la mise à l’arrêt de Poissy par la nécessité d’ajuster son rythme de production face à un marché européen en difficulté. « Des travaux seront réalisés durant l’arrêt, et des sessions de formation seront organisées afin de maintenir la performance industrielle du site », a précisé le groupe. Pour Arnaud Aymé, analyste automobile chez Sia Partners, interrogé par 42mag.fr, ce type de décision n’est pas une source d’inquiétude majeure.
« Quand les ventes baissent, il vaut mieux réduire la production plutôt que d’accumuler des stocks, » commente-t-il. « Il ne faut pas surinterpréter ce genre de mesure, c’est une pratique courante dans le secteur. » Le groupe avait jusqu’ici été relativement épargné par rapport à d’autres années, grâce à une demande qui excédait l’offre. « À la sortie de la pandémie, nous avions subi des pénuries de certains composants qui handicapaient la production de véhicules neufs, » ajoute-t-il.
Mais pourquoi cette interruption intervient-elle désormais ? « Stellantis se heurte à deux phénomènes complémentaires : une part du marché qui se réduit et une taille du marché qui rétrécit », résume l’expert. La demande sur le marché automobile européen évolue mal, marquée par une transition complexe vers les véhicules électriques et une consommation qui traîne. Stellantis paie cash ces tensions et en subit les répercussions.
Par ailleurs, un phénomène conjoncturel aggrave la situation. « Certaines nouveautés ne sont pas encore disponibles ou tardent à être déployées dans toutes les concessions, alors que les modèles plus anciens séduisent moins », décrypte Arnaud Aymé. Le groupe a perdu des parts de marché, au point que Renault est devenu, au premier trimestre, le nouveau leader des voitures neuves sur le marché hexagonal, rappelle Le Figaro.
Parce que les syndicats ne croient pas à une simple pause de la production
Pour les représentants du personnel, ce n’est pas une simple suspension temporaire: ils estiment que cette manœuvre dissimule des intentions plus lourdes. « Stellantis prépare une fermeture définitive de l’usine », affirme Jean-Pierre Mercier. Alors que la production du véhicule Mokka, fabriqué sur ce site, est programmée pour s’arrêter en 2028, le syndicaliste redoute que l’arrêt temporaire ne soit que le prélude à une cessation anticipée de l’activité.
Interrogé par 42mag.fr, Stellantis dément toute volonté de fermer définitivement Poissy et affirme que le site conserve « un avenir industriel ». Mais l’opinion de Mercier reste ferme: « Si la direction veut nous rassurer, elle n’a qu’à lancer des négociations pour garantir l’emploi et les rémunérations et permettre aux 2 000 salariés de continuer à subvenir à leurs familles. »
Ce malaise s’inscrit dans un contexte plus large: en juin, le PSG avait confirmé envisager d’implanter son nouveau stade sur le terrain de Stellantis Poissy, alors que le site est en concurrence avec celui de Massy. Un comité dédié à cette question s’est tenu mardi à l’hôtel de ville de Poissy, en présence de la présidente LR de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, de la maire de la commune et des représentants du club parisien, précise le syndicaliste. La présidente régionale avait affirmé en mai que le site ne pourrait accueillir le club « sans un projet industriel fort », ajoutant que « ça ne peut pas être Stellantis ou le PSG: il faut que ce soit les deux ensemble. »