Le groupe Stellantis décide de placer environ 2 000 salariés en chômage partiel en France, symbole d’un secteur automobile en perte de vitesse. Les ventes de voitures neuves, notamment les modèles électriques, reculent, et elles se voient freinées par des prix encore élevés ainsi que par la réduction des aides publiques. Le marché de l’occasion subit également le contrecoup, marquant une première depuis 2021.
Cette mesure de chômage partiel annoncée le mardi 23 septembre illustre à quel point le secteur automobile traverse une crise profonde. Inutile de produire trop lorsque la demande se fait attendre : c’est le credo défendu par Stellantis qui, tout comme d’autres acteurs du secteur, refuse d’avoir des voitures qui s’entassent sur les parkings des usines ou dans les concessions.
Le marché du « neuf » ralentit sensiblement : les ventes, en particulier celles des véhicules électriques, ne correspondent pas aux attentes. Les tarifs restent élevés, et les aides publiques ont été révisées à la baisse. Parallèlement, le marché de l’occasion perd aussi de sa vigueur, ce qui n’était pas arrivé depuis 2021. L’offre est abondante, notamment sur les modèles hybrides et électriques, et selon des analyses du site Leboncoin, les acheteurs pourraient réaliser des économies pouvant atteindre environ 10 000 euros sur certaines voitures d’occasion.
Stellantis paie aussi le prix de ses choix stratégiques
Les ventes du groupe en Europe ont reculé de plus de 8% au premier semestre 2025, alors que Renault enregistrait une progression de 5,8% de ses immatriculations et que Volkswagen gagnait 3,6%.
Afin de préserver ses marges, le groupe a lancé un chômage partiel touchant 2 000 salariés en France et a procédé à la fermeture temporaire de cinq sites d’assemblage en Allemagne, ainsi qu’à Madrid, en Italie et en Pologne.Cette décision a été bien accueillie par les actionnaires. Le cours de l’action Stellantis a regagné des couleurs à la Bourse.
Risque de suppressions de postes
Des inquiétudes planent autour du site de Poissy et d’une éventuelle cession au PSG, club de football de Ligue 1. Mais l’enjeu est plus large, car l’ensemble de l’industrie automobile française ne cesse de perdre des emplois. En cinq ans, quelque 40 000 postes ont été supprimés, et selon les projections, jusqu’à 75 000 autres pourraient disparaître d’ici dix ans. Il s’agit d’une véritable saignée, d’autant plus que l’ensemble des constructeurs subit aujourd’hui une pression accrue.
La Commission européenne intensifie la pression réglementaire
D’ici 2035, les constructeurs ne pourront plus vendre de voitures neuves à moteur thermique. Pour eux, atteindre une électrification à 100 % d’ici là paraît mission impossible : c’est une véritable porte de pénalité qui se dresse. La concurrence asiatique prend de l’ampleur. La Chine est devenue le premier constructeur et émir des voitures au niveau mondial. Malgré les droits de douane, des industriels comme BYD s’emparent du marché européen en proposant des modèles séduisants, dotés de recharges rapides et affichant des tarifs compétitifs.
Entre la France et la Chine, les écarts de coûts atteignent environ 35 %. Notre main-d’œuvre et notre énergie demeurent plus onéreuses, alors que les fabricants chinois bénéficient largement d’aides publiques. Luc Chatel, représentant de la filière automobile française, avertit : « Il est minuit moins une pour notre industrie automobile, demain elle pourrait tout simplement disparaître. »