Le président français entame, ce mercredi, un voyage officiel de trois jours en Chine, au cours duquel la crise ukrainienne sera principalement abordée lors des discussions. Plusieurs organisations non gouvernementales souhaitent que le sujet du respect des droits de l’homme par le gouvernement chinois ne soit pas négligé.
Un président face à Pékin pour parler uniquement de l’Ukraine? Emmanuel Macron commence, mercredi 5 avril, une visite d’État de trois jours en Chine accompagné d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Cette rencontre est cruciale pour les Européens qui cherchent à ajuster leur stratégie face à Pékin.
La Fédération internationale des droits de l’homme et la Ligue des droits de l’Homme ont adressé une lettre au chef de l’État pour lui demander d’évoquer les droits humains en Chine. Parallèlement, Human Rights Watch se mobilise pour exiger la libération de tous les prisonniers politiques, des manifestants arrêtés lors des protestations liées au Covid-19, ainsi que des membres des minorités opprimées telles que les Ouïghours, les Tibétains et les Hongkongais.
« La situation en Ukraine fait écho à ce qui s’est passé au Tibet »
Pour l’Élysée, la question de la guerre en Ukraine sera une des priorités du voyage, car Pékin, soutien de Moscou, peut jouer un rôle pour rétablir la paix. Mais cette priorité ne doit pas se faire au détriment des droits de l’homme en Chine, car en matière d’horreur, il ne peut pas y avoir de hiérarchie selon les ONG. « L’idée, ce n’est pas de dire, c’est soit l’Ukraine soit les droits de l’homme », précise Bénédicte Jeannerot, directrice France de Human Rights Watch. Il n’est pas possible d’aborder l’Ukraine, où l’une des principales caractéristiques est la gravité des crimes commis dans ce conflit, sans aborder la gravité des crimes et des violations commis par le gouvernement chinois contre sa propre population. Il y aurait une sorte de contradiction qui serait difficilement compréhensible. »
La Chine, un médiateur improbable dans le dossier ukrainien, car cela oublierait l’histoire et le fait qu’elle-même a envahi le Tibet, souligne Vincent Metten, directeur Europe de la Fédération internationale des droits de l’homme pour le Tibet : « La situation en Ukraine fait vraiment écho à ce qui s’est passé au Tibet, c’est-à-dire une invasion par un État tiers, la Chine prétend que le Tibet fait partie de son territoire, alors que d’un point de vue du droit international, ce n’est pas le cas, et prétendre se porter comme étant comme une sorte de médiateur dans le conflit ukrainien n’est pas du tout pour nous légitime. » Vincent Metten rappelle que, selon l’ONG Freedom House, le Tibet est l’un des territoires les moins libres de la planète.