En ce mardi, l’Assemblée examine une législation intitulée « Bien vieillir », une réglementation visant à s’attaquer aux enjeux liés au vieillissement et à la dépendance. Toutefois, cette loi a du mal à se positionner dans le contexte actuel. Le point politique est fait par Jean-Rémi Baudot.
En politique, est-il nécessaire de faire grand bruit pour être efficace ? Cette interrogation semble illustrer la proposition de loi « Bien vieillir » qui sera débattue à partir du mardi 11 avril 2023 à l’Assemblée nationale. Depuis plusieurs années, les responsables politiques, dont Emmanuel Macron, promettent une loi « Grand Âge » qui révolutionnerait la prise en charge de la dépendance et des personnes âgées. Mais c’est un texte plutôt modeste qui arrive finalement à l’Assemblée.
La discrétion signifie-t-elle un manque d’ambition ? Pas nécessairement. Cette loi contient 14 articles qui comportent des éléments très concrets, tels que la lutte contre l’isolement des personnes âgées, des solutions pour offrir du répit aux aidants, des financements pour des véhicules destinés aux aides à domicile, des mesures contre la maltraitance dans les Ehpad, ou encore la création d’un guichet unique pour les familles confrontées à des situations de dépendance.
## Une petite loi efficace plutôt qu’une grande loi « fourre-tout » ?
Certains membres de l’opposition estiment que cette loi est insuffisante et appellent à une refonte complète de l’organisation du « Grand âge ». François Ruffin, de la France insoumise, a qualifié cette loi de « très petite chose« , tandis que le socialiste Jérôme Guedj a exprimé une « frustration énorme« .
Du côté de l’exécutif, on voit les choses différemment. Selon une conseillère, cette loi ne couvre certes pas tout, mais elle avance sur beaucoup de sujets. L’entourage du ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, plaide pour une approche pragmatique et efficace, plutôt qu’une grande loi « fourre-tout ». Au ministère, on soutient que quand des mesures sont prêtes, il faut les mettre en œuvre. On rappelle également que d’autres mesures seront inscrites dans le prochain budget de la sécurité sociale, comme la « prime adapt' » promise par Macron pour aider les personnes âgées à rester à domicile.
## Des inquiétudes autour d’un triptyque « retraites – grand âge – fin de vie »
Concernant le financement, la 5e branche de la sécurité sociale (la branche « autonomie ») dispose d’un budget en augmentation, passant de 32 à 42 milliards d’euros entre 2021 et 2026. Cependant, en politique, certaines choses ne sont pas quantifiables en milliards. Le portage politique de cette réforme soulève des questions, car il semble que le ministre Jean-Christophe Combe soit presque le seul à porter ce sujet depuis neuf mois.
L’Élysée et Matignon suivent bien sûr le dossier, mais l’exécutif est focalisé sur les retraites et ne parvient pas à faire de la dépendance un sujet fédérateur au niveau politique. Un responsable de la Renaissance admet qu’il y a « un problème de timing« . À Matignon, on s’inquiète également d’une éventuelle association entre les retraites, le grand âge et la fin de vie. Ainsi, un sujet essentiel, qui concerne tous les Français, demeure sous les radars.
En guise de rappel de l’importance de cette question, notons qu’aujourd’hui, plus de deux millions de Français ont plus de 85 ans. Ce nombre passera à près de cinq millions en 2050.