Au cours d’un entretien avec le journal « L’Opinion », Emmanuel Macron met en avant un objectif principal : regagner la confiance des classes moyennes… La chronique de Renaud Dély.
L’objectif est de regagner le soutien d’une partie de la population française. Pour ce faire, le président de la République promet de nouvelles réductions d’impôts. Cette approche est courante, en particulier lorsque le marché du travail se porte bien, mais que l’inflation grignote le pouvoir d’achat. Étant donné que le gouvernement compte sur la volonté des chefs d’entreprise pour augmenter les salaires, il ne dispose que de l’outil fiscal.
Ces baisses d’impôts seront donc destinées à « ceux qui sont trop aisés pour être aidés » par des allocations et « pas assez aisés pour bien vivre », explique-t-il à l’Opinion. Emmanuel Macron vise à réduire les impôts des personnes percevant entre 1500 et 2500 euros par mois afin de leur permettre de vivre mieux grâce à leur emploi. Le président répète ce discours sur le travail, l’effort et le mérite, mais il a du mal à convaincre ces fameuses classes moyennes, en partie à cause de la réforme des retraites.
Les classes moyennes, au cœur du contrat démocratique
Au fur et à mesure de la crise sociale, les classes moyennes ont cessé de soutenir Emmanuel Macron. Directement touchée par le report de l’âge légal de départ à la retraite, cette partie active de la population française a souvent participé aux manifestations, même dans les villes moyennes. La rupture avec les personnes les plus démunies et les classes populaires remonte à plus longtemps. En conséquence, les sondages montrent que les soutiens du président se réduisent désormais aux classes supérieures et aux retraités. Cependant, ce sont les actifs qui ont permis la réélection d’Emmanuel Macron l’année dernière. De fait, c’est généralement le soutien des classes moyennes qui détermine l’issue de l’élection présidentielle. Auparavant, Lionel Jospin leur avait également accordé des baisses d’impôts. Nicolas Sarkozy, quant à lui, comptait sur la défiscalisation des heures supplémentaires. Par contre, les hausses d’impôts en début de quinquennat avaient pénalisé François Hollande.
La suite du quinquennat dépend sans doute de l’attitude des classes moyennes. Pour relancer son mandat, il est urgent pour Emmanuel Macron de tenter de les reconquérir. Par ailleurs, les classes moyennes sont au cœur du contrat démocratique. Dans un contexte de crise civique, où les élus sont de plus en plus souvent visés par les courants les plus radicaux, le gouvernement doit éviter que ces classes ne se détachent à leur tour. Quelles que soient les conséquences, ou presque, pour les finances publiques.