Au cours du week-end à Montpellier, s’est tenue une réunion de la gauche opposée à Mélenchon. Un petit groupe de socialistes continue de rechercher une alternative en dehors de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale. Voici le point politique de la part de Jean-Rémi Baudot.
La scène de Montpellier était occupée par les dissidents du PS, ceux qui ne sont toujours pas d’accord avec la stratégie menée par le patron des socialistes, Olivier Faure. Rassemblée au sein de Refondations, cette gauche anti-Mélenchon souhaiterait proposer une alternative à la Nupes.
Après plusieurs mois de luttes internes au PS et un congrès de Marseille particulièrement tendu, ces frondeurs socialistes espèrent encore peser face à la direction actuelle du PS. Refondations, c’est le courant du maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Peu connu du grand public, il est aujourd’hui numéro 2 du PS et veut être en première ligne contre la Nupes.
Cependant, il n’est évidemment pas le seul à vouloir représenter le renouveau de cette social-démocratie, cette gauche qui aimerait voir revenir les déçus du macronisme : des poids lourds se sont affichés à Montpellier, comme Anne Hidalgo, maire de Paris, Carole Delga, présidente de la région Occitanie… L’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve n’était pas présent, mais il s’est exprimé en vidéo.
Tenter de peser face à la Nupes
Des personnalités socialistes qui ont en commun de lutter contre la ligne pro-Nupes du PS, mais qui nourrissent chacun leurs propres ambitions nationales. Autant dire que les rivalités entre socialistes anti-Nupes n’ont pas été soldées ce week-end à Montpellier. D’ailleurs, Refondations a montré sa force. Ce grand rassemblement était une première étape pour marquer les esprits, mais rien de concret n’en est ressorti.
À la tribune, les slogans ont fleuri, si bien qu’on pourrait probablement en faire de jolis bouquets (de rose, évidemment) avec des formules comme la volonté de « créer du débat », de se parler « d’égal à égal avec respect », de « changer le rapport de force », de « redonner de l’énergie par le travail »…
La seule vraie surprise a été la présence de Benoit Hamon, que l’on n’avait pas vu chez les socialistes depuis son échec à la présidentielle de 2017. Est-ce un soutien à Refondations ? Une prise de guerre ? Pas vraiment. Depuis vendredi, Benoit Hamon multiplie les tweets pour justifier sa présence à Montpellier et continue d’afficher son soutien à la Nupes.
Le risque de scission du PS demeure
Une question reste en suspens : le PS peut-il exister sans la Nupes ? Il faut se rappeler un fait, le dernier score du PS seul à la présidentielle est de 1,7%. Même si, en coulisses, tous les socialistes ne sont pas ravis de la Nupes, beaucoup pensent que c’est pour l’instant l’outil politique le plus efficace à gauche. Efficace, mais pas forcément confortable. Le PS, comme les écologistes, est sous la pression de la France Insoumise. Ce week-end encore, dans 20 Minutes, Jean-Luc Melenchon a mis en garde contre le risque d’une fin de l’alliance Nupes en cas de listes séparées pour les Européennes. De quoi alimenter les discussions au sein du PS.
D’autant plus qu’en interne, le ton monte. Face aux frondeurs, le député socialiste Jérôme Guedj se fait menaçant : « Ceux qui voudront faire péter la Nupes devront en porter la responsabilité et seront sanctionnés ». Dans les prochains mois, le feuilleton des divisions au PS va se poursuivre. Le spectre, souvent évoqué, d’une scission des socialistes, demeure possible.