Le jour des « Questions au gouvernement » (QAG) à l’Assemblée nationale tombe le mardi, mais il semblerait que les députés soient de moins en moins intéressés par cet événement. Voici l’analyse politique de Jean-Rémi Baudot sur cette tendance.
« Bonjour à tous, la séance est ouverte. L’ordre du jour appelle les questions au gouvernement… » : voilà ce que prononce habituellement la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, en introduction des Questions au gouvernement – ou QAG pour les connaisseurs -, qui ont lieu chaque mardi à 15h. Pendant deux heures, députés et gouvernement échangent sur la politique et les sujets d’actualité. Cependant, ce rendez-vous démocratique et parlementaire semble de plus en plus abandonné.
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Officiellement, il n’y a pas de décompte sur la présence des députés, mais il suffit de regarder les images. Mardi dernier, moins de 20% des 577 députés étaient présents dans l’hémicycle. Cette tendance s’est poursuivie depuis plusieurs mois.
« Deux heures c’est trop long, les questions se répètent »
Parmi les raisons de cette désaffection, on peut noter des plannings particulièrement chargés ces dernières semaines, des élus qui doivent rattraper le temps passé en circonscription et d’autres problèmes moins avouables. Un député d’opposition décrit l’événement comme « très ennuyeux ».
Cette opinion est partagée de l’opposition à la majorité, y compris par les ministres et la présidence de l’Assemblée, qui exprime ce sentiment avec des mots plus diplomates : « Deux heures, c’est trop long, les sujets tournent en rond et les questions se répètent » selon l’entourage de la présidente de l’Assemblée.
Effectivement, avec 27 questions au programme, « La deuxième heure est la plus pénible », se plaint un cadre macroniste. Il faut noter que cela n’a pas toujours été le cas : avant 2019 et une réforme initiée par Richard Ferrand, il y avait deux séances d’une heure, le mardi puis le mercredi. Désormais, il y a deux heures consécutives et deux minutes par question avec droit de réponse (ce qui était supposé dynamiser les échanges). Au final, on assiste soit à des questions trop polies de la majorité, soit à des échanges tendus avec l’opposition. Les invectives deviennent la norme et le brouhaha une habitude…
Trop de questions uniquement pour le buzz
Alors, quelle est la solution ? Il faudrait peut-être revoir le format de nouveau. La présidence de l’Assemblée y réfléchit sans encore avoir trouvé la réponse. « On ne va pas repasser sur deux jours », indique Yaël Braun-Pivet. Le Sénat a désormais ses propres « QAG » le mercredi. Une autre option serait de diminuer la pression sur les députés et le gouvernement, qui ne sont pas exempts de provocations.
En effet, la plupart des députés ne publient sur les réseaux sociaux que leur question et très rarement la réponse du gouvernement. Comme si la réponse avait peu d’importance. Comme si seule la politique spectacle et le buzz comptaient. Il semble que les effets de tribune pour Twitter ont détérioré le dialogue dans l’hémicycle.