Emmanuel Macron était censé se rendre en Allemagne, le lundi 3 juillet, pour un séjour officiel de trois jours. Cependant, le chef de l’État a choisi de repousser ce voyage afin de rester informé des manifestations violentes qui se déroulent en France. C’est donc une opportunité ratée pour relancer les relations franco-allemandes.
L’autorité allemande est pleinement consciente de la gravité de la situation. Le dimanche 2 juillet, le Chancelier allemand Olaf Scholz a exprimé sa compréhension de la délicate position d’Emmanuel Macron, indiquant qu’il aurait probablement fait le même choix. Cependant, il exprime ses inquiétudes par rapport aux récentes flambées de violence en France. Emmanuel Macron a déjà dû modifier son planning par le passé. Il y a trois jours à peine, il a été contraint de quitter prématurément le sommet européen à Bruxelles pour retourner à Paris et y gérer l’escalade des violences.
Autre exemple de changement de dernière minute : au début de l’année, en raison des craintes de manifestations violentes liées à la réforme des retraites en France, le gouvernement français a décidé de reporter la visite de Charles III et de Camilla, le couple royal britannique, qui était prévue pour mars. Selon un membre de l’exécutif gouvernemental, le report de ce voyage royal se déroulerait probablement à l’automne prochain. Évidemment, ce genre de situation n’est pas la meilleure des publicités pour l’Hexagone sur la scène internationale.
Renforcer les liens entre l’Allemagne et la France
Ce report pourrait-il jeter un froid entre Paris et Berlin ? Il ne faut pas exagérer, cette visite était davantage une formalité protocolaire. Le programme comportait des cérémonies militaires, des visites à des sites culturels de Berlin à Dresde, en compagnie du Président allemand qui, lui, ne jouit pas d’un véritable pouvoir politique. Le véritable détenteur du pouvoir est le Chancelier, Olaf Scholz, qui a rencontré Emmanuel Macron à quatre reprises au cours du dernier mois. Pour l’Élysée, cette visite en Allemagne avait pour but principal de « renforcer l’amitié franco-allemande ». Néanmoins, ces derniers mois, la relation entre la France et l’Allemagne a connu quelques tensions. L’exemple le plus notable : le report de plusieurs semaines du sommet franco-allemand à la fin de l’année dernière, en raison de désaccords sur plusieurs sujets
Le sujet du nucléaire, tout d’abord. Paris plaide pour que l’énergie nucléaire soit incluse dans le classement des énergies propres, une proposition à laquelle Berlin s’oppose fortement. Ce n’est pas qu’une affaire de mots : cette classification détermine si une forme d’énergie peut ou non recevoir des subventions. Ensuite, il y a la question de la défense. La France souhaite que la défense utilise exclusivement du matériel fabriqué en Europe. L’Allemagne, quant à elle, s’équipe avec du matériel américain et israélien. Là encore, les points de vue ne convergent guère.
Pour finir, les deux pays diffèrent sur les règles fiscales européennes. La France appelle à plus de flexibilité, tandis que l’Allemagne plaide pour le retour à la discipline fiscale après l’ère de relâchement pendant la crise du covid.
Clairement, tous ces sujets de discorde n’auraient pas été résolus seulement par cette visite. Néanmoins, les gestes symboliques ont aussi leur importance en politique. Et en ces temps, le symbole de l’amitié franco-allemande est loin d’être négligeable.