Au cours d’une rencontre avec les leaders des partis majeurs, le chef de l’Etat a répondu à une suggestion de Jordan Bardella. Il a saisi l’occasion pour faire allusion discrètement à sa propre circonstance.
Emmanuel Macron n’a pas hésité à exprimer son désaccord, et avec virulenc,e sur l’idée d’un mandat présidentiel unique de sept ans. Au cours de sa rencontre approfondie avec les chefs des partis d’opposition, qui s’est tenue mercredi 30 août à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le Président français a fustigé cette proposition, la qualifiant de « grave erreur », selon plusieurs des témoins de cette conversation cités par 42mag.fr. Cette proposition est à mettre au crédit de Jordan Bardella, le leader du Rassemblement national. Emmanuel Macron y a vu l’occasion de faire allusion à sa propre situation, qui le rend inéligible en 2027, « mais en plaisantant », précise une source proche de Jordan Bardella. « Il n’y a pas de controverse, soyons clairs », ajoute cette même personne.
La France insoumise, de son côté, a pris très au sérieux cette déclaration. « Macron a dérapé, a réagi Jean-Luc Mélenchon sur son compte Twitter. Il a déclaré : ‘L’impossibilité d’une réélection est une grave erreur’. La possibilité de mettre fin à son mandat par le biais d’un référendum révocatoire serait un soulagement pour tous. » Le dirigeant de La France insoumise, un ancien candidat à la présidence, n’était pas présent lors de la discussion, mais plusieurs participants ont confirmé à 42mag.fr avoir entendu le même sentiment de la part du Président.
« Tu perds ton autorité dès le premier jour »
« Il a peut-être fait une blague sur le sujet », tempère une personne de la majorité interrogée par l’AFP. En aparté, un proche du Président explique que tout est interconnecté, et qu’il n’oublie pas sa propre situation. « Si tu ne peux pas te représenter, tu perds ton autorité dès le premier jour », aurait complété Emmanuel Macron, selon une autre personne présente, qui a interprété ces propos comme une référence à sa propre situation. Selon l’un des dirigeants de la Nupes présents dans la salle, le Président a également mis en avant le cas des députés, en arguant que s’ils étaient dans l’impossibilité de se représenter, ils ne feraient plus rien.
Depuis la réforme entreprise par Nicolas Sarkozy en 2008, le nombre de mandats présidentiels en France est limité à deux consécutifs. Avec l’incapacité pour Emmanuel Macron, élu pour la première fois en 2017 et actuellement âgé de 45 ans, de se représenter en 2027, la question de la succession du Président se pose avec une acuité particulière au sein de la majorité présidentielle.