Il est peu probable que le voyage du président parvienne à forger une unité nationale au sein du monde politique. Cependant, il devrait aider à calmer, pendant un certain temps, les tensions présentes au sein du public.
La excursion d’Emmanuel Macron au Proche-Orient, ce mercredi 25 octobre, a une double dimension : internationale et nationale. Il est même probable que cette visite s’inscrive principalement dans une démarche de politique intérieure. C’est la raison principale pour laquelle le Président français a différé son déplacement en Israël de deux semaines, arrivant après Joe Biden, Olaf Scholz ou Ursula Von der Leyen. Si Macron s’était rendu en Israël immédiatement après les attaques orchestrées par le Hamas, il aurait certes exprimé son soutien aux Israéliens, comme il l’a fait mardi, mais s’aurait été au détriment du soutien aux Palestiniens civils tués à Gaza et de son audience à Ramallah, en Cisjordanie, avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Il était certainement nécessaire d’accorder ces deux semaines de répit afin qu’Emmanuel Macron puisse proposer la reprise d’un processus politique visant une « paix durable » entre deux États sécurisés, Israël et un État pour les Palestiniens.
Un équilibre crucial
L’objectif d’Emmanuel Macron est bien de maintenir un équilibre délicat. Cela s’explique en partie par le fait que c’est la posture traditionnelle de la France qu’il a réaffirmée mardi, à la fois à Benyamin Netanyahou et à Mahmoud Abbas. Cet équilibrage est nécessaire pour diminuer les tensions passionnelles qui enveniment le dialogue public en France. Les actes antisémites en France se sont multipliés récemment, avec près de 600 incidents en 15 jours, ce qui nécessite de rassurer la population juive de France. Prenant en compte la perte de 30 ressortissants français, le plus grand nombre de victimes françaises depuis l’attentat islamiste de Nice en 2016, Macron a souligné le deuil national. Cependant, le gouvernement est aussi préoccupé par l’ampleur des manifestations en faveur des Palestiniens et cherche à apaiser l’indignation de la communauté musulmane qui critique son manque de considération pour les victimes civiles à Gaza.
Est-ce suffisant pour rassembler les responsables politiques ? Il est probable que non. Nous l’avons déjà constaté mardi avec les réactions outrées de Jean-Luc Mélenchon et de ses sympathisants. Néanmoins, ce déplacement pourrait tempérer, même brièvement, les tensions au sein de l’opinion publique. En fin de compte, l’Élysée mise sur la maturité de la société française, qui a survécu aux récentes vagues de terrorisme sans se diviser, plutôt que sur la prudence des agitateurs d’extrême droite ou de gauche radicale qui alimentent les conflits au sein du Parlement ou sur les réseaux sociaux.