Le gouvernement de Matignon demeure lié à l’article 3 du projet de loi concernant l’immigration qui propose la mise en place d’une carte de résidence destinée aux « professions sous tension ». Cependant, il semble que l’unité au sein de la majorité pour soutenir cette action s’affaiblit progressivement.
Le projet de loi sur l’immigration est soumis à examen au Sénat à partir du lundi 6 novembre. L’article 3, qui suscite une attention toute particulière en prévision de cette date, propose l’introduction d’un nouveau permis de séjour pour les individus sans papiers exerçant dans des professions dites « en tension », c’est-à-dire des domaines où la demande de travail est supérieure à l’offre. Même si ce dispositif est règlementé et soumis à des critères d’attribution et de renouvellement très stricts afin d’en encadrer l’application, il demeure une pierre d’achoppement pour le camp conservateur. Ce dernier rejette en effet cette mesure, y voyant potentiellement un « appel d’air » susceptible d’attirer de nouveaux immigrants sur le sol français. Pourtant, l’adoption du texte dépend du soutien des parlementaires LR par le gouvernement. ÉDITO.
Changements dans le paysage politique
Le ministre de l’Intérieur ne semble pas particulièrement enthousiaste à l’idée de cette nouvelle forme de titre de séjour. Il met plutôt l’accent sur les aspects plus répressifs du projet de loi , dans l’objectif d’obtenir l’appui des députés LR. Il est par exemple prêt à prolonger la période de détention pour les personnes susceptibles d’être expulsées, et à permettre l’expulsion d’étrangers considérés comme dangereux, même s’ils sont arrivés en France avant l’âge de 13 ans. Pour ce faire, il s’appuie sur le second obstacle rencontré par la Première ministre, à savoir l’évolution de la situation politique suite à l’attentat islamiste ayant coûté la vie à Dominique Bernard.
Bien entendu, le gouvernement se doit de rassurer le public face à la menace terroriste. Cependant, renoncer à une disposition qui n’a aucun lien avec cette dernière et qui concerne seulement quelques milliers de travailleurs dans les secteurs de la restauration et du bâtiment serait une marque de faiblesse susceptible de créer de nouvelles divisions au sein de la majorité gouvernementale.