La Suisse, de par sa localisation en amont, détient la maîtrise sur le volume d’eau qui descend dans le Rhône. Pendant plus d’une décennie, Paris a sollicité Berne pour une révision de la régulation du flux du fleuve le plus vigoureux de l’Hexagone.
Depuis le mercredi 15 novembre, Emmanuel Macron effectue une visite en Suisse. C’est un évènement rare pour un dirigeant français, soulignant ainsi une amélioration des relations avec la diplomatie suisse. Il a été accueilli à Berne et l’un des principaux points à l’ordre du jour est la gestion des ressources en eau. La Suisse, grâce à ses 1 400 glaciers, est une source majeure d’eau pour l’Europe, faisant d’elle le « réservoir d’eau » du continent.
Pourquoi le flux du Rhône est-il sujet à discussion entre la France et la Suisse ?
Le fleuve Rhône prend sa source dans le glacier suisse du même nom, puis s’écoule à travers le lac Léman avant de se diriger vers la France, pour finalement se jeter dans la mer Méditerranée. En d’autres termes, la Suisse a le « contrôle du débit d’eau » dans la mesure où le barrage du Seujet règle le flux d’eau provenant du lac Léman. Cela a un impact significatif sur la quantité d’eau qui atteint le territoire français, comme le précise Christian Bréthault, professeur à Genève et co-directeur de la chaire hydropolitique de l’Unesco.
L’importance du contrôle du lac Léman s’est accrue
Le Rhône est crucial pour divers secteurs d’activité, notamment la centrale nucléaire qui l’utilise pour son système de refroidissement. En 2011, la centrale du Bugey a dû faire face à une baisse du débit du fleuve suite à un hiver moins enneigé, comme le rappelle M. Bréthault. En conséquence, la décision de Genève de réduire le débit sortant pour augmenter le niveau du lac, sans consultation préalable de la France, a causé des problèmes de refroidissement à la centrale nucléaire.
Cette problématique devient encore plus sensible avec le changement climatique. Compte tenu des sécheresses de plus en plus sévères, le lac Léman se transforme en un réservoir d’eau stratégique, nécessitant une nouvelle gestion. Selon M. Bréthault, il faut rediscuter des modalités pratiques compte tenu de l’importance croissante de la régulation du lac Léman.
Face à cette situation, la France demande un accord pour une meilleure gestion des débits du Rhône. Des pourparlers ont démarré en 2015 entre la France et la Suisse pour répondre à cette préoccupation. Un accord est actuellement en cours d’élaboration en vue d’une meilleure coordination entre les deux pays.
M. Boris Hallier explique plus en détail dans son reportage comment le débit du Rhône est devenu une source de tension entre la Suisse et la France.