La formation politique de la droite radicale s’est présentée comme une alliée des fermiers qui ont manifesté leur mécontentement au cours des quinze derniers jours.
Le mouvement de protestation des agriculteurs s’est apaisé et les blocages ont pris fin ce vendredi 2 février, suite aux récentes déclarations gouvernementales. L’actuel Premier ministre, Gabriel Attal, a géré avec succès ce premier conflit politique, bien que temporairement. Pourtant, cette crise agricole a alimenté les débats politiques, notamment au sein du Rassemblement National, qui y voit un triomphe idéologique. Le président du RN, Jordan Bardella, a publié sur Twitter jeudi 1er février : « Ils adoptent nos propositions après nous avoir conspués, alors qu’ils sont au bord du gouffre ».
Dans un article à lire aussi, on aborde comment le RN essaie de profiter de cette contestation agricole en anticipation des élections européennes.
Les décisions gouvernementales, incluant des réductions sur le gazole non routier (GNR), un ralentissement sur les accords de libre-échange ainsi qu’une certaine souplesse sur la question des pesticides, sont en phase avec les positions du RN depuis longtemps. Ces dispositions ressemblent à celles que ce parti compte mettre en avant avant les élections européennes. Le parti prône pour la fin de ce qu’il appelle une « écologie punitive » et se bat pour une « exception agricole française », selon les termes répétés par la tête de liste du RN.
Jordan Bardella était dans une exploitation agricole dès le 20 janvier. Ses bottes neuves ont été ridiculisées par les partisans de Macron. Il s’est ensuite montré au côté de pêcheurs qu’il a encouragé à rejoindre le mouvement de protestation. Les 88 députés du RN étaient invités à se rendre aux barrages routiers partout en France. Face aux accusations de récupération politique, les élus du RN se défendent : « Nous sommes majoritairement élus de régions rurales, nous connaissons les problèmes des agriculteurs », dit un député.
Le RN nie toute connexion privilégiée avec la Confédération Rurale
Il semble que le Rassemblement National s’entende particulièrement bien avec un des syndicats à l’origine du mouvement, la Coordination Rurale. Cependant, un élu du RN affirme qu’il n’y a pas de « collusion ». Selon lui, il n’y a pas de liens officiels ou de connexion privilégiée avec les dirigeants de ce syndicat. Le parti déclare discuter avec tous les syndicats, mais accuse la FNSEA d’avoir soutenu tacitement Emmanuel Macron contre Marine Le Pen lors des dernières élections présidentielles.
Cependant, plusieurs élus reconnaissant que leurs positions sont plus proches de celles de la Coordination Rurale. Un eurodéputé du RN explique que ce sont des « personnes qui contestent le système corrompu de l’Union Européenne ». Il admet avoir déjà invité des représentants de ce syndicat à Bruxelles pour une réunion avec d’autres mouvements paysans européens. D’ailleurs, plusieurs membres du parti envisagent de proposer une place sur la liste du RN aux Européennes à un agriculteur en colère, bien que cette idée ne soit pas encore concrétisée.
Le Rassemblement National estime en tout cas que le thème agricole refait rapidement surface et que la crise est loin d’être résolue. Marine Le Pen a récemment déclaré que tous les éléments d’une importante explosion sociale étaient en place.