Au moment où se déroule la campagne pour les élections européennes, la leader de la liste La France insoumise, Manon Aubry, soutient que « 10 millions de Français ne sont pas correctement enregistrés ou ne figurent pas sur les listes électorales ». En effet, ce sont même environ 12 millions de citoyens français qui sont touchés par cette situation.
La préparation des élections européennes est en cours. La majorité au pouvoir a récemment confirmé que Valérie Hayer est ‘officiellement la tête de liste de la majorité et Jordan Bardella, le représentant du Rassemblement National, a débuté sa compagne lors d’une réunion publique à Marseille, dimanche 3 mars. Dans ces élections, la mobilisation des votants est une question fondamentale, considérant que presque la moitié des citoyens français ne s’étaient pas présentés aux urnes en 2019. Dans cette perspective, Manon Aubry, qui est à la tête de la liste La France Insoumise, a attiré l’attention sur 42mag.fr indiquant : « Dans notre nation, environ 10 millions d’individus sont mal inscrits ou pas du tout inscrits sur les listes électorales, ce qui correspond à 20% des votants ». Est-ce exact ou incorrect ?
Près de 12 millions de citoyens français ne sont pas correctement enregistrés ou pas du tout enregistrés sur les listes électorales
Il est correct de dire que c’est même un peu plus élevé. Presque 12 millions de citoyens français ne sont pas enregistrés adéquatement ou pas du tout sur les listes électorales, ce qui représente 24% des votants. Les personnes non inscrites sont celles qui ont le droit de vote, mais qui ne sont enregistrées sur aucune liste électorale. Les « mal-inscrits » sont des individus qui sont enregistrés dans une ville différente de leur lieu de résidence. Plus précisément, 4,1 millions de citoyens français ne sont pas du tout inscrits sur les listes électorales et 7,8 millions sont mal inscrits. Il n’y a pas de statistique officielle concernant les « mal-inscrits » en France, mais un groupe de chercheurs a étudié la question durant près de deux décennies et a présenté des données après les élections présidentielles de 2012 et 2017. Nous avons contacté Jean-Yves Dormagen, professeur de sciences politiques à Montpellier et président de Cluster17, un laboratoire spécialisé dans le sondage d’opinion, qui a partagé avec nous les résultats les plus récents, après l’élection présidentielle de 2022.
Environ 45% des personnes de 25 à 29 ans sont mal inscrites
Les chercheurs ont utilisé l’enquête de participation à l’élection présidentielle menée par l’Insee comme point de départ pour obtenir des données solides. Les résulats ont été obtenus à partir des listes de signatures en préfecture et ne sont donc pas issus d’un sondage. Pour déterminer le nombre de mal-inscrits, les chercheurs ont comparé les adresses où les votants sont répertoriés et celles où ils sont enregistrés. Le nombre élevé de « mal-inscrits » est principalement dû à la mobilité de certains groupes d’électeurs. En particulier, les jeunes et les cadres supérieurs, qui déménagent fréquemment, ne prennent pas toujours les mesures nécessaires pour s’inscrire sur les listes électorales de leur nouveau domicile. « Près de 45% des 25-29 ans sont considérés comme mal-inscrits, comparé à 6% des personnes âgées », précise Jean-Yves Domagen. Cela « accentue le risque d’abstention ». C’est même « le facteur principal », insiste le chercheur. Lors de l’élection présidentielle de 2022, la moitié de ceux qui n’ont pas voté lors des deux tours étaient mal inscrits. Malgré la réforme de 2016, qui autorise l’inscription sur les listes électorales jusqu’à six semaines avant l’élection, la situation n’a pas évolué.