La responsable gouvernementale en charge de promouvoir l’égalité des sexes a exprimé sa volonté de renforcer « l’aide apportée aux centres d’urgence et de renseignements pour les femmes », a-t-elle indiqué vendredi.
En visite sur 42mag.fr ce vendredi 8 mars, Aurore Bergé, la ministre adjointe en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a déclaré que « il est de notre devoir de faciliter l’accès à l’IVG pour les femmes, car c’est une pratique médicale qui est désormais gravée dans notre Constitution et qui doit être protégée et assurée partout ». Elle accompagnera le président Emmanuel Macron lors de la cérémonie publique de signature de la loi constitutionnelle du 8 mars 2024, qui porte sur le droit d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse. « C’est un jour très important. Nous sommes le 8 mars, journée internationale de défense des droits des femmes et aujourd’hui, la France sera le premier pays du monde à inclure l’IVG dans sa Constitution », a souligné la ministre. Elle insiste néanmoins sur le fait que « ceci ne signifie pas qu’il ne faut pas s’assurer de la mise en pratique effective de ces droits ».
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Le ministre a fait savoir qu’elle compte « rencontrer tous les moteurs de recherche » car il y a des « obstacles » en ligne, « en dépit de la loi ». Les « sites qui tentent de culpabiliser, de dissuader ou de désinformer les femmes apparaissent en premier », a-t-elle regretté. Elle voudrait que les moteurs de recherche modifient leurs systèmes de classement « afin de promouvoir l’information et non la désinformation ». La ministre a réitéré que ceux qui sont anti-IVG continuent d’essayer de « faire obstacle » à ce droit. « Rien que cette semaine, le centre du Planning familial de Strasbourg a été attaqué », s’est-elle indignée.
Renforcer le « soutien aux centres de premiers secours et d’information pour les femmes »
Pour garantir « l’application pratique » du droit à l’avortement, la ministre veut renforcer le « soutien aux centres de premiers secours et d’information pour les femmes », tels que le Planning familial. Elle a rendu hommage au travail des centres qui « accueillent, guident les femmes et les jeunes filles de manière anonyme, confidentielle et qui les aident à accéder à leurs droits ».
Le Planning familial demande la permission de pratiquer des IVG instrumentales dans les centres de planification et les centres de santé sexuelle, mais Aurore Bergé reste sceptique : « C’est une question que nous devons aborder avec le ministère de la Santé. Il est toujours nécessaire d’assurer la sécurité du parcours de l’IVG, en particulier l’IVG instrumentale, car c’est encore une opération chirurgicale ». La ministre estime en outre que « l’ouverture aux sages-femmes représente déjà une garantie supplémentaire très importante de l’effectivité de ce droit ». Le décret de décembre 2023 qui autorise les sages-femmes à pratiquer les IVG « instrumentales » sera réécrit, car il exige actuellement la présence de quatre médecins spécialisés. « C’était la volonté des législateurs, c’était une mesure parlementaire que nous avions souhaité insérer, je l’avais approuvée » mais « c’était extrêmement encadré ».
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Elle précise que « les décrets sont actuellement en cours de finalisation par la ministre de la Santé ». Ils seront publiés « normalement à la fin du mois ». Cela « signifie que nous passons d’un potentiel de 5 600 gynécologues-obstétriciens qui pratiquaient les IVG chirurgicales à 25 000 sages-femmes qui pourront les pratiquer », s’est félicitée la ministre, alors que 17% des femmes doivent changer de département pour avoir recours à l’IVG selon les données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). « Nous avons un problème de démographie médicale dans cette profession, tout comme dans beaucoup d’autres, que ce soit les gynécologues-obstétriciens ou les sages-femmes », a réagi Aurore Bergé.