130 magistrats ont exprimé leur préoccupation quant à la faible priorité accordée à la lutte contre la délinquance financière au sein du système judiciaire. Dans une tribune publiée par « Le Monde » lundi, ils mettent en lumière le manque de ressources et de reconnaissance dédiées à cette problématique. Selon eux, il est essentiel de renforcer les moyens alloués à la lutte contre les infractions financières pour garantir une justice efficace et équitable.
Appel des magistrats pour renforcer la lutte contre la criminalité financière et organisée
Un groupe de hauts magistrats a publié deux tribunes dans le journal Le Monde le lundi 8 avril, appelant à davantage de ressources pour mener à bien les enquêtes, en particulier dans le domaine de la lutte contre la criminalité organisée. Les magistrats réclament plus de moyens humains et matériels pour lutter efficacement contre la délinquance financière internationale.
Dans une première tribune, 130 magistrats soulignent l’importance cruciale de la lutte contre la délinquance financière pour la démocratie et l’Etat de droit, la qualifiant d’investissement vital. Ils appellent les pouvoirs publics à donner un nouvel élan à cette cause et à la considérer comme une grande cause nationale. Parmi les signataires figurent des personnalités telles que la procureure de Paris Laure Beccuau, les procureurs généraux de Versailles et de Nîmes Marc Cimamonti et Xavier Bonhomme, ainsi que les responsables du pôle financier de Paris et des pôles d’instructions de Nanterre, Lyon ou Bobigny. Il est à noter que ni le procureur financier Jean-François Bohnert ni aucun magistrat du Parquet national financier (PNF) n’ont signé la tribune.
Les signataires reconnaissent les recrutements massifs de personnels de justice, mais mettent en garde contre la détérioration des conditions de la lutte contre la délinquance financière. Ils dénoncent le fait que cette lutte est souvent reléguée au second plan par rapport à d’autres crimes comme le trafic de stupéfiants, le grand banditisme, le terrorisme ou la délinquance de voie publique.
La croissance du crime organisé
Dans une deuxième tribune, 120 magistrats provenant notamment de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco) de Paris et des huit juridictions interrégionales spécialisées (JIRS) de France affirment faire face à un manque durable de moyens dans la lutte contre le crime organisé, qui est en croissance. Ce manque de ressources contraint les enquêteurs et les magistrats à négliger les aspects financiers des dossiers de crime organisé, tels que le blanchiment d’argent et la circulation de fonds à travers des réseaux bancaires parallèles.