Durant la matinée de jeudi, l’ancien ministre de l’Économie a passé trois heures à répondre aux questions du Sénat concernant la manière dont il a administré le budget national pendant ses sept années de mandat.
Après avoir passé sept ans à Bercy, Bruno Le Maire a souhaité exprimer « sa vérité » concernant la gestion budgétaire de la France. Lors d’une audition devant la commission des Finances du Sénat, l’ancien ministre de l’Économie a nié, le jeudi 7 septembre, toute accusation de « faute », « dissimulation », ou « intention de tromper » malgré la dégradation notable des finances publiques. Tout au long de trois heures de discussions, il a renvoyé la responsabilité sur le gouvernement actuel et a admis une « grave erreur technique d’évaluation des recettes dont nous payons le prix ».
Il s’est lamenté des « accusations » et des « mensonges » contre lui qui persistaient depuis « des mois ». Le déficit public est désormais prévu à 6,1% du PIB pour 2024, une déviation par rapport à la projection initiale de 4,4% présentée dans le projet de loi de finances élaboré par l’ancien gouvernement à la fin de 2023. En réponse à la « dégradation de la conjoncture », ce chiffre avait déjà été réajusté à 5,1% au printemps.
> Quand on me dit que le déficit en 2024 sera à 6,1%, c’est le choix du gouvernement actuel.
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> — Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Économie
>
> devant les sénateurs
« S’il avait été possible d’appliquer immédiatement toutes les mesures que nous avons élaborées avec Thomas Cazenave », l’ancien ministre des Comptes publics, « en septembre, ainsi que les mesures de recettes sur les rentes énergétiques et les rachats d’actions avec un effet rétroactif », « cela aurait permis de limiter le déficit pour 2024 à 5,5% sans augmenter les impôts ». Le gouvernement en place a pour objectif de générer 60 milliards d’euros dans son projet de loi de finances, dont 20 milliards par le biais d’une augmentation des recettes.
Chute soudaine de nos revenus
La situation critique des finances est due, selon Bruno Le Maire, aux soutiens massifs déployés pendant la crise sanitaire et la période d’inflation, ainsi qu’à un « effondrement brutal de nos recettes » fiscales. Il a fait référence à un « trou dans la caisse » de « 41 milliards » pour 2023 et 2024. Si les recettes ont été inférieures aux prévisions, c’est parce que « les modèles de prévision se sont trompés », a-t-il soutenu.
Claude Raynal, président de la commission des finances, a remarqué que le gouvernement avait obtenu très tôt des rapports internes prévoyant un débordement budgétaire plus marqué que prévu, mais a tardé à en tenir compte. En janvier, « j’indique clairement (…) que le plus dur est devant nous », a répondu Bruno Le Maire. Il assure avoir réagi en annulant 10 milliards d’euros de crédits dès février et en relevant la taxe sur l’électricité.
L’ancien ministre a exprimé sa déception de ne pas avoir réussi à obtenir, au sein de l’exécutif, la validation d’un projet de loi de finances rectificative au printemps visant à économiser 15 milliards d’euros supplémentaires, tout en se montrant solidaire de cette décision. La perspective des élections européennes a-t-elle influencé ce choix ? « Vous aurez d’autres auditions pour poser ces questions », a évité de répondre l’ancien ministre.
Thomas Cazenave, ancien ministre des Comptes publics, sera également auditionné jeudi après-midi. Les anciens chefs du gouvernement Gabriel Attal et Elisabeth Borne seront entendus respectivement vendredi à 9 heures et le 15 novembre.