Mercredi 15 novembre le gouvernement israélien a débuté l’opération militaire « Pilier de défense », bombardant sans relâche la bande de Gaza, 41 kilomètres coincés entre l’Égypte, Israël et la mer Méditerranée. Vendredi 16 novembre, nous avons contacté l’écrivain Amir Hassan, étudiant au département de français de l’université Al‐Aqsa de Gaza et membre de Centre pour la paix de Gaza. Entre deux coupures d’électricité et le sifflement incessant des bombes qui ont détruit ce matin le stade palestinien, ce francophile témoigne du climat apocalyptique dans lequel sont plongés les Gazaouis.
Cela fait quatre jours que Gaza se fait bombarder. Peux-tu nous décrire la situation ?
Les bombardements tombent partout : 40 morts, 350 blessés, 800 bombardements en quatre jours. La majorité des victimes sont des civils, dont des enfants. Les bombes ne font pas la différence entre les enfants, les civils et les femmes : les bombes tombent partout.
Quelle est la situation de ta famille ?
La situation est très dangereuse, cela fait quatre jours que nous sommes bloqués ici, dans le quartier ouest de Gaza, à côté de l’hôpital principal, Al-Shiffa. Nous ne pouvons pas sortir, nous avons besoin de nourriture et d’eau. Nous avons l’électricité huit heures par jour seulement.
Que fais-tu actuellement sur place ?
J’essaye de donner des nouvelles aux amis en France et aux journalistes. Le 14, j’étais à Paris et le 15 je suis rentré à Gaza.
Quelle est la situation matérielle ? Un drame sanitaire se profile-t-il ?
La situation est vraiment catastrophique, il y a une crise alimentaire à Gaza, et une crise d’eau et d’électricité, il faut faire la queue 3 heures dans les boulangeries pour acheter du pain. Tous les magasins sont fermés.
Dans quel état d’esprit sont les gens ?
“Gaza est une prison à ciel ouvert.”
Les gens ici sont très forts, ils ont l’habitude. Mais ils s’inquiètent pour leurs enfants et parce que les bombardements touchent les maisons. Ils ont déjà fait 160 blessés.
Quels sont vos moyens de résistance ?
En tant que citoyens, on ne peut rien faire, on attend la fin de cette guerre. Il y a la résistance armée qui essaye de défendre Gaza.
Comment vivent au quotidien les habitants de la bande de Gaza sous le blocus israélien ?
On essaye de s’adapter mais c’est une grande souffrance à tous les niveaux. Gaza est une prison à ciel ouvert.
Dans les médias français, on a tendance à ne parler que des étudiants israéliens qui soutiennent l’action guerrière de leur gouvernement. Est-ce que cela traduit la réalité ? N’y a t-il pas aussi des Israéliens solidaires avec les Palestiniens ?
Il y a des Israéliens qui sont contre la guerre, mais on ne leur donne pas la parole, malheureusement.
Nous avons appris qu’Israël voulait couper Internet dans la bande de Gaza. Apparemment ce n’est pas encore le cas, mais est-ce quelque chose à craindre ?
Je crois qu’Israël va le faire bientôt, surtout si l’armée entre à Gaza comme la guerre de 2008-2009.
Savez-vous que des hackers de Telecomix et d’Anonymous sont prêt à intervenir si cela s’avérait ?
Je n’en sais rien.
Le 16 novembre, tu as publié comme statut sur Facebook : « l’armée israélienne m’a envoyé un texto le matin pour nous faire peur, en disant que l’étape prochaine va commencer. » Peux-tu nous expliquer ce message ?
“Nous sommes des citoyens civils, je ne comprends pas cette guerre.”
Israël mène une guerre psychologique contre les habitants de Gaza, cela veut dire que Israël va bombarder d’autres lieux et d’autres sites, et que l’opération militaire va être plus violente.
Quel message aimerais-tu faire passer ?
Nous sommes des citoyens civils, je ne comprends pas cette guerre. Israël doit respecter la loi internationale et arrêter immédiatement l’agression et les bombardements sur Gaza.