L’artiste suisse Milo Moiré défraie à nouveau la chronique avec sa deuxième performance vivante réalisée à Cologne : elle a pondu des œufs avec son vagin.
L’artiste suisse Milo Moiré ne fait pas là un clin d’œil aux œufs de Pâques mais affirme qu’il s’agit bien là d’une performance artistique. Samedi, à la foire d’art contemporain de Cologne en Allemagne, complètement nue, la jeune femme de de 31 ans a réalisé «PlopEgg #1, la naissance d’une peinture», à l’aide de son vagin dans lequel elle a introduit des œufs remplis de colorants, qu’elle «pondait» ensuite au-dessus d’une toile blanche, le tout devant des passants quelque peu interloqués…
Ce n’est pas la première fois pour l’artiste autoproclamée que sa prestation a défrayé la chronique en Allemagne et à l’international : lors de sa précédente performance, en mai 2013, elle s’était baladée nue dans le tram de Düsseldorf. Son ami et photographe, Peter Palm, avait alors filmé les réactions des passants et des voyageurs des transports publics. Le but de l’opération était alors de bouleverser le quotidien des pendulaires.
http://www.youtube.com/watch?v=MSjgUmT2T7k
Contactée, l’artiste affirme ne pas chercher ici à interpeller quiconque ou à attirer le regard… «Durant ma performance, j’étais si concentrée que je n’ai pas fait attention à la réaction du public, mais ils étaient assez calmes», confie-t-elle. Elle ajoute : «C’est une expérience personnelle, intuitive dans laquelle, je peux développer une profonde intensité, mais aussi la sincérité de mon art. Je crée et j’utilise la source originale de la féminité, mon vagin.»
Est-ce bien de l’art ?
«J’ai visualisé l’archétype même de la puissance artistique féminine : la création. J’ai utilisé l’œuf comme le symbole de naissance. La toile exprime le concept de tabula rasa et l’œuf a lui-même, une fois cassé sur la toile, un potentiel artistique», explique-t-elle.
«Lorsqu’on découvre ces images, tout de suite on se pose la question : est-ce que cela fait d’elle une artiste ?» commente Gianni Haver, sociologue de l’image à l’Université de Lausanne. Pour ce spécialiste, il est clair qu’«on ne peut pas dire que ça choque. Aujourd’hui, une paire de fesse ne choque plus vraiment. Par contre, il y a un côté émoustillant et dérangeant à sa démarche. Elle questionne et teste une limite. Peu de femmes feraient ce qu’elle fait dans la rue. Elle ne révolutionne pas grand-chose à l’art contemporain, mais elle sait se faire remarquer.»
Christian Bernard, directeur du Musée d’art moderne et contemporain de Genève (Mamco), partage d’ailleurs le même avis : «C’est du teasing, la presse est victime d’une œuvre mineure de l’art contemporain comparé à d’autres artistes. Ce qu’elle fait n’est pas neuf. Elle met en évidence ce qui est de l’ordre du refoulé, ça évoque le sang et les sécrétions corporelles. Aujourd’hui, on les cache, c’est de l’ordre du personnel, il y a une pudeur. Cette performance signifie l’émancipation. Ce qui se faisait dès la moitié des années 60 jusqu’au début des années 70 où par le corps on se libérait. L’œuvre d’art n’est pas une marchandise, mon corps est une œuvre d’art, je ne vends pas mon corps.»
La poule aux œufs d’or ?
Milo Moiré ne se dégonfle pas et compte bien exposer le résultat de sa performance, dans l’objectif avoué de le vendre. «C’est peut-être là le triomphe du libéralisme, l’artifice est sympathique, a le mérite d’être bien construit, est joli et naïf, mais pas d’une grande importance», continue Bernard Christian.
A votre avis, combien ses œufs pondus sur toile vont-ils valoir sur le marché de l’art ?