Les inquiétudes concernant la sécurité et le manque d’accès numérique et de savoir-faire seraient les principales raisons pour lesquelles l’utilisation de la « lettre électronique timbre rouge » est si faible
La France peine à s’adapter aux nouveaux services numériques en ligne avec une baisse drastique de l’utilisation des timbres rouges « numériques » par rapport aux timbres physiques.
En 2022, 275 millions de lettres ont été envoyées avec des timbres rouges prioritaires physiques (ce qui représente environ 750 000 par jour à l’échelle nationale), mais jusqu’à présent en 2023, seuls 3 500 timbres numériques sont utilisés par jour.
Entre 5 000 et 10 000 timbres rouges numériques doivent être achetés quotidiennement pour que le service soit durable, selon La Poste.
Il y avait des problèmes de sécurité concernant le service avant son lancement et de nombreuses personnes sont mécontentes de la numérisation d’un service qui a traditionnellement été en personne, augmentant les craintes d’une «fracture numérique» dans la société entre les férus de technologie et ceux qui ont des compétences en ligne limitées.
Ces timbres rouges «numériques» ont complètement remplacé leurs homologues physiques, les ventes de l’ancien «timbre rouge» ayant cessé le 1er janvier 2023.
Le nouveau service en ligne qui accompagne les nouveaux timbres permet aux utilisateurs de télécharger numériquement leurs documents sur le site Web de La Poste, un membre de La Poste les numérisant ensuite avant qu’ils ne soient imprimés dans un lieu proche de la destination finale de la lettre.
Le service peut également être utilisé dans un bureau de poste local, où les employés de La Poste peuvent assister physiquement les usagers.
Le service numérique est légèrement plus cher que les timbres qu’il remplace – 1,49 € pour le timbre numérique et 1,43 € pour les anciens timbres rouges physiques.
La légère augmentation du prix n’est cependant pas signalée pour expliquer l’énorme baisse du nombre d’utilisateurs.
Problèmes de sécurité
Comme les documents sont traités avant leur envoi par le personnel, des inquiétudes persistent quant à la possibilité pour d’autres personnes de lire des lettres pouvant contenir des informations personnelles ou confidentielles.
Les lettres sont également imprimées physiquement dans les agences de La Poste avec des craintes quant à l’accès aux zones d’impression.
Les courriers scannés sont ensuite également archivés jusqu’à un an après leur envoi.
L’impression et le pliage des lettres sont effectués par des machines et les documents sont supprimés des serveurs locaux de La Poste, a indiqué la société, dans le but d’apaiser les craintes.
Cependant, les inquiétudes semblent persister, beaucoup étant réticents à utiliser le service en ligne, préférant garder pour eux le contenu de leurs lettres.
Craintes de la numérisation
Beaucoup sont également en colère contre ce qu’ils considèrent comme la numérisation d’un service public vital.
Une pétition contre l’introduction des timbres par le syndicat postal des PTT a recueilli 30 000 signatures l’an dernier.
La pétition portait sur la menace pour les emplois des postiers par le passage au service en ligne, mais aussi sur la suppression d’une fonction publique clé pour ceux qui n’ont pas ou ne savent pas utiliser Internet pour de tels services.
Selon un rapport de Le Défenseur des droits.
Le déplacement de services publics vitaux en ligne peut accroître les inégalités pour ceux qui n’ont pas l’accès ou les compétences nécessaires, l’utilisation croissante par La Poste des mesures numériques n’étant qu’un autre élément de l’élargissement de la « fracture numérique » en France.
Plus de 1 000 bureaux de La Poste ont fermé entre 2015 et 2020, ce qui signifie que pour ceux qui ne peuvent pas utiliser le service numérique, il y a de moins en moins d’endroits où ils peuvent encore trouver une aide en personne.
Les personnes en situation de handicap qui ne peuvent pas se rendre dans un bureau de poste peuvent commander un retrait de documents à envoyer directement depuis leur domicile, mais cela apporte une aide à tous ceux qui sont concernés par la numérisation du service.
Une mesure nécessaire
Cependant, les hauts responsables de La Poste soutiennent toujours la décision.
« Industriellement, il a fallu enlever le cachet rouge », a déclaré Philippe Wahl, PDG de La Poste.
Le profit et l’utilisation sont devenus « marginaux » pour le produit, a-t-il ajouté, et a déclaré que les 500 millions d’euros qui seront finalement économisés grâce à la suppression des timbres rouges physiques aideront à faire face aux problèmes financiers croissants du service.
La Poste est actuellement confrontée à un déficit de plus d’un milliard d’euros.
Le service est également un geste écologique, qui diminue la distance que les postiers devront parcourir pour livrer le courrier tout en respectant la garantie du lendemain.
La Poste estime que la numérisation leur fera émettre 60 000 tonnes de CO2 en moins par an.