Rokhaya Diallo est née dans le 4ème arrondissement. Elle est chroniqueuse à Canal +, payée à dire n’importe quoi, n’importe comment. Militante. Pour que l’on prononce son nom Ro”R”aya, et pas Rokhaya (c’est raciste), d’abord. Dévouée. “Je fais l’objet de racisme bienveillant” ; accuse-t-elle, pauvre riche. Dans les pages de Rue 89, la petite tête de linotte joue à se désoler de ce qu’elle appelle de ses vœux. Racisme bienveillant, ou discrimination positive. Au temps des colonies, plus pudiquement : paternalisme.
Dans une interview de juin 2010, elle affirmait gaiement supporter le Sénégal, et n’a pas caché sa joie lors de la victoire du Sénégal contre la France en 2002. Désormais, elle souhaite même demander la nationalité sénégalaise, “pour résister à tout le débat sur la binationalité en France”. Les sénégalais seront ravis d’apprendre que la mentalité coloniale est encore vivace : leur nationalité n’est pour elle qu’un instrument sur la scène politique Française. Souhaitons que le Sénégal la lui refuse, s’il est encore temps.
Colonisation, mon amour
Rokhaya, comme tout bon militant diversitaire, cultive les paradoxes. A raison, elle fustige la colonisation. Pourtant, c’est dans la triste aventure progressisto-intéressée des libéraux IIIème Rep, qu’elle vient puiser à intervalle régulière un trésor : la culpabilité. La colonisation justifie toutes les bravades, toutes les absurdités. Mlle Diallo le dit d’ailleurs expressément : “Nous n’avons ni l’intention de nous intégrer, ni l’intention de nous assimiler”. Phrase que n’aurait pas renié un Beke, un politicien Afrikaner, ou plus simplement, un officier colonial Français, fat et imbécile, en costume crème et short court, chapeau dur et moustache blonde.
La déclaration coloniale brouille volontairement les cartes : elle, la petite parvenue du 4è arrondissement, la jolie chroniqueuse de la matinale de Canal+, n’a pas à s’intégrer. Mais qui le lui demande ? Elle est sans doute mieux intégrée à la France d’aujourd’hui que la majorité des électeurs du Front National. En cela, nous la rejoignons. Mais elle inclut dans ce “nous” des personnes venant d’arriver sur le sol Français, attaquant ainsi le socle républicain Français (ce qu’il en reste). La demoiselle est communautariste, et à l’américaine, encore : fin septembre 2011, elle participe, à Washington, à la réunion annuelle du Caucus noir du Congrès, un groupe parlementaire américain exclusivement réservé aux noirs. Du racisme et de ses variations de forme.
Ses amis ? Une fine équipe de mangeurs de petits-fours, dont une bonne partie sont fils d’ambassadeurs, donc bien entraînés. Leur lobbying médiocre, claudiquant de coups de téléphone sirupeux en serrages de main entre deux portes, finit toujours par payer. Dès lors, parlez leur de mérite et rangez les crayons de couleurs. Eux qui roulaient leurs revendications dans la farine et le chocolat, ne veulent plus entendre parler que de compétences.
Fournisseur principal de sujets sociétaux depuis le tournant libéral-sociétal de 83, copain comme cochons avec les banquiers et les grandes entreprises, il semble pourtant que le ciel se couvre sur le petit monde diversitaire parisien. Pas encore une disette de petits-fours, mais déjà, de quoi être inquiet…
A la Rochelle, point de point Godwin…
Au gouvernement, les socialistes (c’est encore comme cela qu’ils se font appeler, les inconséquents !…) ne savent plus par quel bout prendre la crise, par quelle capitale prendre l’Europe. Le pouvoir: cette casserole brûlante et sans queue. Eux, devant, interdits: une poule qui a trouvé un couteau. Même l’ami Demorand, qui, à priori ne danse pas la carmagnole au premier mai, s’est permis une leçon de chose. L’heure est grave.
Que faire ? A la Rochelle, lors de l’Université d’été du PS, il s’est passé quelque chose : quelqu’un a parlé vrai. Laurent Bouvet, que nous avons déjà reçu dans ces colonnes, a proposé que le Parti socialiste se tourne vers les catégories populaires. Le criminel ! S’est-il fait huer ? Conspuer ? Virer de la fête manu militari ? Non. Les temps changent : il a été écouté. Il a été applaudi. Le temps se couvre. Amis diversitaires, le cochon est dans le maïs.
Quel dommage… C’était bien, disent les anciennes familles coloniales, avec dans les yeux un reste de soleil et de déjeuner sur l’herbe… C’était bien, diront peut-être bientôt les professionnels de la rébellion labellisée. Adieu, mutins de Panurge. Adieu vaches, veaux, cochons. Adieu restaurant du Sénat, salles de conférence vides, Maison de la radio. L’État les traitait si bien !… Un rapport sur la diversité à la télévision française ? Un poste à France Télévisions. Une polémique ? Un poste de chroniqueuse à Canal+, un parachutage dans une circonscription gagnée d’avance. Tiens, ton goûter, un Choco BN, allez file gamin.
Les libéraux adorent cela ; les réseaux “diversité”. Inoffensifs bouffons. Aucune conscience politique : de vagues références historico-émotionelle, Malcom X, Nelson Mandela, Kool and the Gang. Étonnement, pas de nouvelles de Thomas Sankara (“C’est qui ?”). Médiocrité bourgeoise, sauce MTV. Entre Yo mama et Jean-François Copé. Aucune conscience de classe. Seulement une conscience… de race.
Zemmour contre Rokhaya, Capulet contre Montaigu…
Dans Paris-Berlin, sur Arte, en novembre 2008, Éric Zemmour lançait à Rokhaya Diallo, « j’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire ». Chic. Choc. Hitler. Love at first sight… Deux ans plus tard, invitée de Toutes les France, sur France Ô, Rokhaya de, dans le même esprit : “Ils [les blancs] vont vieillir. Et n’auront plus la capacité de répondre à des gens qui seront là en capacité de répondre.“
Lorsque l’on tape “Rokhaya Diallo”, sur Google, le moteur de recherche propose “Rokhya Diallo Eric Zemmour”. Mignon. RTL ne s’y est pas trompé : la station a fait de nos tourtereaux des chroniqueurs vedettes, les Bonnie and Clyde de l’ethnicisation à marche forcée. RTL Opinion, que ça s’appelle. Succès immense pour Zemmour : l’homme est talentueux… Bof pour Rokhaya.
Mais leur véritable lune de miel eut lieu chez Thierry Ardisson. L’éditorialiste maurassien dégoupillait à la hussarde, en regardant sa dulcinée droit dans les yeux : “les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont Noirs et Arabes… c’est un fait.” Rokhaya jouait l’effarouchée… Qu’un homme blanc lui parle de race, comme cela, au second rendez-vous, c’était si cavalier… Si brûlant !… Elle fondait de désir…
Dans la tribune qu’elle signait hier dans le Monde (dans laquelle elle tire sur Manuel Valls de façon si maladroite qu’on en oublie qu’il est socialiste comme nous sommes libéraux), elle aussi use de statistiques ethniques, pour évoquer les contrôles au faciès : “Les conclusions d’une étude dirigée par le CNRS en 2009, [démontrent] que les contrôles d’identité se focalisent en priorité sur les individus perçus comme “jeunes” (qui ont onze fois plus de “chances” d’être contrôlées que les autres), “noirs” ou “arabes” qui ont six à huit fois plus souvent contrôlés que ceux que l’on considère comme “blancs”.” Validant ainsi les arguments de son amant souverainiste. Beau comme du Shakespeare…
Rokhaya devait s’en prendre à Valls, qui, sur les questions régaliennes, ne manque pas de courage. Elle est rebelle. Elle n’aime pas la police : en juin 2010, déjà, elle l’avait qualifiée de “force d’occupation” ; presque une revendication de souveraineté. Le titre de son dernier livre, A nous la France ! est plus explicite. Ah ! Le temps béni des colonies… Elle aurait adoré.