Un certain nombre de jeunes s’engagent plus activement dans le mouvement de protestation contre la réforme des retraites. Les associations étudiantes lycéennes appellent à manifester le 9 mars et à intensifier la pression jusqu’à cette date. Jean Viard, sociologue, donne son point de vue sur cette mobilisation. Il estime que la jeunesse est de plus en plus présente et s’implique plus fortement dans le mouvement. Les organisations étudiantes demandent aux jeunes de se mobiliser le 9 mars et de s’engager davantage pour faire pression. Cela souligne l’importance que revêt la jeunesse dans la lutte contre la réforme des retraites. Jean Viard affirme que cette mobilisation est le signe d’un véritable changement et d’une prise de conscience de la jeunesse.
Les organisations étudiantes lycéennes appellent à se mobiliser le 9 mars contre la réforme des retraites, et il semble qu’elles s’impliquent de plus en plus dans les questions de société. 42mag.fr a demandé au sociologue Jean Viard pourquoi il y a un retard à l’allumage.
Jean Viard : Plusieurs raisons expliquent cet état de fait. Tout d’abord, les manifestations sont plus importantes en province, dans des villes peu reliées au réseau TGV. Ainsi, la majorité des jeunes ne sont pas étudiants. Ce sont plutôt des gens « de peu » comme l’a dit Pierre Sansot (anthropologue, philosophe et sociologue français (ndlr)), qui se sentent rejetés. De plus, les jeunes ont peu de confiance dans l’idée qu’ils auront une retraite.
Chaque génération a son sujet majeur. Pour celle de Jean Viard, c’est la guerre du Vietnam. Pour les générations précédentes, c’était la guerre d’Algérie et les lois Haby. Aujourd’hui, le combat central des jeunes est le combat climatique. C’est ce que Jean Viard appelle la génération climat. La partie moins étudiante, plus populaire, est plus angoissée par le mythe du grand remplacement, bien que ce dernier soit inexistant.
Jean Viard : Le débat pour les jeunes porte plutôt sur le travail, la valeur travail, et la protection de la planète. Il faut donner des délais courts, afin que les gens puissent avancer. Les jeunes ont cette lutte festive et cette puissance, et sont très solidaires. Les gouvernements les craignent, mais les jeunes ont fait tomber le SMIC jeunes en 94, le CPE en 2006.
Les jeunes sont donc une grande angoisse des politiques. Quand ils se mobilisent, ils poussent souvent les gouvernements à reculer. La retraite, en revanche, ne les concerne pas directement, mais plus tard. Il est important de se rappeler que la retraite est un problème pour ceux qui sont en cours de carrière et qui voient leur histoire changer.