En Août 2014, la Russie a lancé une offensive en Ukraine et, un an plus tard, sept enquêtes sont toujours en cours en France. Un défi de taille pour les magistrats et enquêteurs français, qui doivent faire face à la distance géographique entre la scène de crime et leur pays et à des moyens limités. Malgré ces difficultés, ces professionnels du droit s’attèlent à leur mission avec détermination et persévérance. Le travail d’enquête prend donc du temps et nécessite beaucoup de patience de la part de toutes les parties impliquées.
ans. Il faut que justice soit faite », exige-t-il. Une justice qui prend son temps, car les investigations sur les crimes de guerre sont très complexes. « Ces infractions sont très difficiles à établir, car il faut prouver qu’il y a un lien de causalité entre les actes et les conséquences », explique Aurélie Belliot. Les enquêteurs et les magistrats du Pnat s’appliquent donc à rassembler des preuves pour établir cette causalité et poursuivre les auteurs présumés de ces crimes. C’est très long, mais Sylvie Imhoff prend son mal en patience. Un an après le début de la guerre en Ukraine, les investigations sur la mort de son fils, Frédéric Leclerc-Imhoff, se poursuivent. Le journaliste reporter d’images de 32 ans qui travaillait pour BFMTV a été tué par un éclat d’obus, le 30 mai 2022, alors qu’il couvrait une opération d’évacuation de civils près de Severodonetsk, dans la région de Louhansk. Le Parquet national antiterroriste (Pnat), au sein duquel se trouve le pôle judiciaire de lutte contre les crimes contre l’humanité (CCH), les crimes et délits de guerre, a ouvert une enquête dans la foulée. Moins d’un mois après, le procureur antiterroriste a reçu la mère et le conjoint de Frédéric Leclerc-Imhoff. Jean-François Ricard a assuré à Sylvie Imhoff que tout était mis en œuvre pour établir des preuves et pour qu’un procès ait lieu un jour. Elle n’est pas la seule à souhaiter que justice puisse être rendue à son fils et à tous les journalistes morts en Ukraine. Anne-Sophie Pourquery de Boisserin, la sœur de Pierre Zakrzewski, partage ce désir. Elle estime que les moyens du CCH sont limités, mais que tous les magistrats et enquêteurs font preuve d’un grand investissement professionnel pour mener à bien les enquêtes sur les soupçons de crimes de guerre en Ukraine. Une entraide judiciaire internationale est « essentielle » pour ces dossiers, et c’est pourquoi des magistrats et enquêteurs français ont accompagné leurs homologues ukrainiens sur les scènes de crimes pour effectuer des prélèvements. Des auditions des familles sont également menées, bien que des informations ne soient disponibles qu' »au travers de la parole des victimes ». Pour des raisons de sécurité, personne ne sera jamais prévenu en amont des déplacements. Malgré tout, tous les protagonistes restent confiants, car les investigations avancent vite et bien. Cependant, il faut encore beaucoup de temps pour établir des preuves et poursuivre les auteurs présumés de ces crimes. C’est pourquoi Sylvie Imhoff prend son mal en patience, et espère que justice sera rendue un jour.