Au sein de la majorité, beaucoup observent que Marine Le Pen a réussi à tirer son épingle du jeu dans la séquence chaotique des retraites à l’Assemblée. Cela suscite l’interrogation des partisans de l’action du Président Macron et de ses alliés, qui cherchent à savoir quelle réponse ils doivent apporter. Jean-Rémi Baudot a été chargé de leur fournir un bref aperçu des enjeux politiques.
« Elle s’en sort bien et ce n’est pas une bonne chose ». Voilà comment un conseiller de l’exécutif parle de Marine Le Pen après ses deux semaines de débats à l’Assemblée nationale. Alors que la Nupes a assumé une opposition bruyante, le Rassemblement National a tenté de se montrer plus discret et moins véhément. « Marine Le Pen est au-dessus de la mêlée » affirme une députée du RN. Une image qui semble s’être installée.
Selon le dernier sondage Ifop, l’image de la Nupes progresse, mais c’est bien le RN qui reste en tête. 35% des Français disent en avoir une bonne opinion. Et pour 46% d’entre eux, c’est Marine Le Pen qui incarne le mieux l’opposition à cette réforme devant Mélenchon.
Pour la majorité, c’est une question de posture. « Elle s’est souvent posée en arbitre » décrypte un conseiller gouvernemental. « Elle a bien fait attention à ne pas se mettre au centre des débats » ajoute un autre. Et c’est probablement la clé de la stratégie du RN en évitant de focaliser l’attention sur son propre projet, Marine Le Pen est restée sous les radars.
Le texte immigration comme révélateur du RN ?
Face à cette situation, la Macronie cherche une manière de réagir. Au sein de Renaissance, on suggère de dénoncer leur projet indigent. « Il faut croiser le fer sur le fond » explique un membre de cabinet. Ils imaginent que si le RN exposait réellement son projet de réforme des retraites à 60 ans, leur discours serait disqualifié…
Néanmoins, plusieurs de mes interlocuteurs pensent que ce n’est pas sur les retraites qu’ils pourront faire sortir le RN du bois. « Le texte immigration va réveiller la majorité identitaire qui se trouve dans leur rang », tel est le raisonnement d’un cadre. Comme si certains espéraient des dérapages. Une approche risquée.
En fin de compte, il faut bien voir que cette riposte de la majorité contre le RN est désormais plus fragile. En 2027, il n’y aura pas de duel Macron-Le Pen. Et en coulisses, certains commencent à se demander qui sera en capacité de tenir face à l’extrême-droite.