Plus d’un million de personnes ont manifesté mardi alors que les grèves provoquaient des perturbations majeures dans tout le pays
Les syndicats ont appelé à deux jours de grève supplémentaires pour protester contre la réforme controversée des retraites en France.
Ils veulent de nouvelles manifestations ce samedi (11 mars) et une autre la semaine prochaine, probablement mardi (14 mars) ou mercredi (15 mars).
Cela survient après la grève de mardi, qui même selon les estimations de la police (souvent inférieures à celles des syndicats) a vu plus d’un million de personnes descendre dans la rue pour exprimer leur opposition au relèvement de l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans.
Il y a également eu des perturbations généralisées des déplacements, avec moins de trains et d’avions et des blocages dans les ports, les raffineries de pétrole et sur certaines routes.
Les grèves et les arrêts de travail se sont poursuivis dans certains secteurs aujourd’hui (mercredi 8 mars), notamment dans les raffineries de carburant et sur les services de transport, en particulier les trains.
Le ministre français des Transports, Clément Beaune, a déclaré à LCI que « les choses vont s’améliorer un peu aujourd’hui (8 mars), mais ce sera beaucoup mieux demain (jeudi et vendredi) ».
Où la grève se poursuit-elle mercredi ?
Raffineries de carburant
- Le personnel de la raffinerie de carburant est toujours en grève et les livraisons ont cessé. Mais TotalEnergies a déclaré qu’il n’y avait pas de pénurie de carburant dans les stations-service jusqu’à présent, en raison d’un niveau élevé de réserves en place.
- Pas moins de 70 à 100 % des travailleurs des raffineries de TotalEnergies sont toujours en grève, a déclaré Eric Sellini, de la CGT-Chimie.
Ports
- Plusieurs ports sont bloqués depuis mercredi matin, dont Rouen, Le Havre et Marseille-Fos.
Les trains
- Les services internationaux sont perturbés, avec 75% des trains circulant sur Eurostar, deux sur trois sur Thalys et seulement un tiers des services circulant reliant la France à l’Italie, la Suisse, l’Allemagne et l’Espagne
- Seul un TGV sur trois circule aujourd’hui, avec deux trains sur cinq circulant sur les lignes nord, est et sud-est d’Inoui
- Sur la ligne Atlantique, seul un TGV sur quatre circule
- Un train Ouigo sur trois circule
- Un TGV traversant le pays sur 10 est en service
- Les trains Intercités sont également perturbés, avec seulement une desserte sur cinq en circulation, et seulement un ou deux trajets prévus pour les dessertes de Paris-Clermont, Paris-Brive, Nantes-Bordeaux, Bordeaux-Marseille, Clermont et Béziers, Clermont et Lyon, et Toulouse et Hendaye
- Pas de service Intercités de nuit jusqu’au jeudi 9 mars
- Sur les services TER, seul un service sur trois circule sur l’ensemble du territoire
Des perturbations sont également attendues demain (9 mars), et l’opérateur ferroviaire français SNCF a « recommandé aux voyageurs qui le peuvent d’annuler ou de reporter leurs voyages ».
Toute personne concernée par les trains annulés aura reçu un e-mail ou un SMS lui permettant d’échanger gratuitement ses billets contre un autre train ou d’obtenir un remboursement complet s’il choisit d’annuler complètement. Cela doit être fait avant le départ du train.
« La France est à l’arrêt, ça marche bien »
La mobilisation de mardi marquait le sixième jour de grève contre le projet de réforme des retraites.
⚡️ 3,5 millions de personnes ont des lésions en France aujourd’hui selon la CGT, 1,28 million selon la police.
Dans les deux cas, il s’agit de la plus grande mobilisation sociale depuis plus de 50 ans.#RéformeDesRetraites #GrèveDu7Mars pic.twitter.com/fpKVuOctff
— Élections 202(2) (@2022Elections) 7 mars 2023
Nancy.#grevedu7mars #NonALaReformeDesRetraites pic.twitter.com/wMvCwzoeKm
– emma (@emmalgrnd_) 7 mars 2023
La police a déclaré que les chiffres atteignaient 1,28 million, tandis que le syndicat CGT a déclaré qu’il y en avait 3,5 millions dans toute la France.
Des pompiers français se présentent place d’Italie à Paris sous les applaudissements de la foule. #grevedu7mars pic.twitter.com/BfV6LZ9Yyr
— Des syndicalistes dégoulinants (@UnionDrip) 7 mars 2023
#grevedu7mars En attendant le départ du cortège parisien, le #ThéâtreDuSoleil réchauffe l’atmosphère.#villermet_b2 #grevedu7mars #Greve7mars #GreveGeneraleIllimitee #GreveGenerale #ReformeDesRetraites #MacronLaHonte #ReformedesRetraite #BlocageDeLaFrance pic.twitter.com/vZIPcelWOo
– Abdul Ahad (@OneAahad) 7 mars 2023
Des affrontements ont éclaté à Paris, la police prenant d’assaut des foules au milieu d’informations selon lesquelles un certain nombre de groupes violents de « blocs noirs » en profitaient pour vandaliser certaines rues et lancer des projectiles sur la police.
Des affrontements éclatent dans les rues de Paris au milieu de la 6e grève nationale massive cette année.
Plus d’un million de personnes manifestent dans toute la France, intensifiant la pression sur le président Emmanuel Macron pour qu’il retire les plans qui réduiraient les droits à la retraite des travailleurs. #grevedu7mars pic.twitter.com/lDqrbY5aIL
– rouge. (@redstreamnet) 7 mars 2023
Pourtant, Laurent Berger, patron de la CFDT, a salué la journée comme un succès, la qualifiant de « mobilisation historique », tandis que Philippe Martinez, patron de la CGT, a déclaré : « La France à l’arrêt, ça marche bien aujourd’hui. »
Néanmoins, les dirigeants syndicaux se sont plaints de l’absence de réponse du gouvernement. Ils ont envoyé une lettre commune au président français Emmanuel Macron, demandant une rencontre dès que possible.
HISTORIQUE
Nous sommes 700 000 à ParisLe message est clair, retrait de la réforme ! #64ansCestNon#grevedu7mars pic.twitter.com/WPYyIZ2V4B
— Attac France (@attac_fr) 7 mars 2023
Jour J ✊#grevedu7mars pic.twitter.com/8YaqB8mY63
— Pascaline LECORCHE (@p_lecorche) 7 mars 2023
Polémique sur le débat au Sénat
Alors qu’une journée de protestations touchait à sa fin, les sénateurs français continuaient à débattre des propositions du gouvernement.
Les discussions se sont poursuivies dans la nuit jusqu’à 03h30 jusqu’au départ des sénateurs socialistes (PS), communistes français (PCF) et Europe Ecologie – Les Verts (EELV). Les débats doivent reprendre mercredi après-midi.
L’article 7, qui stipule que l’âge minimum de la retraite devrait passer de 62 à 64 ans, est sans doute l’une des propositions les plus controversées.
Les sénateurs ont débattu de cette proposition pendant des heures (de 19h00 à 01h00), certains gauchistes réclamant sa suppression.
Vers 01h00, Bruno Retailleau, président des Républicains (LR), a exigé le recours à l’article 38 du règlement du Sénat, ce qui a mis fin (provisoirement) au débat. C’est la première fois que l’article est utilisé depuis sa révision en 2015.
Le socialiste Patrick Kanner était parmi ceux qui ont critiqué cette utilisation (avec le parti communiste et écologiste) en disant : « Honte à vous ! … Vous vous êtes laissé bâillonner par l’article 47.1 de la Constitution, [and] maintenant vous voulez bâillonner l’opposition.
EN DIRECT
« Vous voulez bâillonner l’opposition ! » : Patrick Kanner critique Bruno Retailleau, qui demande le recours à l’article 38 du règlement du Sénat pour accélérer les débats sur l’article 7 de la réforme des retraiteshttps://t.co/ W9tYAWvdVR pic.twitter.com/8ktQarDMzn— BFMTV (@BFMTV) 8 mars 2023
Le président d’EELV, Guillaume Gontard, a déclaré : « Lors d’une journée d’action historique, sur l’article le plus important, l’article 7, vous décidez de bâillonner le Parlement et de censurer le Sénat. C’est un moment grave dans l’histoire du Sénat. C’est un choix politique. »
Eliane Assassi, du PCF, a déclaré : « Utiliser cette procédure est un acte de faiblesse. C’est une atteinte à la démocratie. »
Plus tard, les sénateurs LR ont proposé que l’article 7 soit réécrit. L’article a fait l’objet de plus de 1 000 amendements dont le débat a été suspendu pour permettre l’étude de ces amendements. Cependant, la plupart d’entre eux ont été jugés « irrecevables ».
Seuls 75 amendements restent désormais à débattre, et l’article controversé pourrait être adopté d’ici mardi soir.
Le ministre français du Travail, Olivier Dussopt, a déclaré sur la radio France Inter : « Nous savions dès le départ que cette réforme serait difficile, mais nous savons à quel point elle est nécessaire. »