Lors de son passage à Marseille, Emmanuel Macron a fait preuve de sa détermination à lutter contre la consommation de drogue et a exclu toute modification concernant la législation en matière de stupéfiants. Toutefois, en arrière-plan, certains représentants de la majorité continuent de souhaiter une autorisation légale pour le cannabis. Le point politique de Jean-Rémi Baudot.
Emmanuel Macron a changé de position sur le cannabis. En 2016, alors qu’il était ministre de l’Economie, il avait déclaré : « La légalisation a une forme d’efficacité, je ne suis pas contre, le sujet doit être considéré » . A cette époque, il dénonçait un « système hypocrite » et promettait l’ouverture d’un débat . Mais sa position a évolué depuis lors.
« C’est comme pour le nucléaire : Macron a changé d’avis. Être pour le cannabis, c’était être contre l’autorité » , analyse un de ses anciens ministres. « Le Président était plus libéral à Bercy », confirme l’un de ses proches. Cependant, certains membres de la majorité n’ont pas oublié la promesse de débattre de ce sujet. Caroline Janvier, députée Renaissance du Loiret, souligne que c’est une « question de santé publique » et met en garde contre les substances dangereuses de plus en plus présentes dans la résine de cannabis .
Les Jeunes avec Macron plaident pour la légalisation du cannabis
Caroline Janvier n’est pas la seule à plaider pour la légalisation du cannabis au sein de la majorité : les Jeunes avec Macron y travaillent également. « Il faut protéger les mineurs et mieux contrôler la qualité », explique Ambroise Méjean, leader des JAM, qui sait que sa position s’éloigne de celle du Président. Un autre argument est que, depuis des années, le débat sur le cannabis en France se résume à une question de lutte contre les trafics. « Mais est-ce que ça marche ? » , s’interroge Caroline Janvier, qui appelle à sortir du tout répressif.
Le paradoxe est que la France connaît une forte répression et une forte consommation de cannabis. Alors, doit-on changer la loi ? Selon un membre de la majorité, un tiers du groupe Renaissance serait ouvert à une légalisation. Mais le discours majoritaire reste la fermeté, prônée par le ministre de l’Intérieur. « On ne va pas légaliser cette merde », répète souvent Gérald Darmanin. « Tant qu’il sera à Beauvau, ça ne bougera pas », ajoute un membre de la majorité.
Le cannabis, « un sujet pour 2027 »
L’aile droite de la majorité garde la main sur le sujet. Mais en coulisses, des écologistes comme Julien Bayou et des Insoumis comme Christophe Bex échangent avec la majorité pour tenter de faire avancer la question. À l’Assemblée nationale, un groupe d’étude travaille et auditionne différentes personnalités depuis février.
Le débat n’est pas totalement clos : il évolue en Europe, avec par exemple la dépénalisation récente du cannabis au Portugal . « La classe politique est en retard par rapport à la société », estime un membre de la majorité, ce qui pousse un conseiller à penser que les prochains candidats à la présidentielle devront se positionner sur ce sujet. « Le cannabis sera un sujet de 2027 », prédit-il.