Lors de son interrogatoire, l’ancien abbé Jean-Claude Mercier a admis avoir commis des « écarts de conduite », toutefois il estime avoir apporté une aide précieuse à de nombreux jeunes.
Un ancien abbé des Hautes-Pyrénées, qui a été inculpé et placé en détention provisoire le 12 juillet dernier pour des accusations de viols sur mineurs, a admis des « anomalies » lors d’une audience devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Pau où il a demandé sa remise en liberté, d’après France Bleu Béarn Bigorre. L’avocat général a réclamé son maintien en détention.
Au cours de sa garde à vue, ce religieux avait avoué des « plaisirs charnels » et des « dérapages » avec plusieurs mineurs, tous consentants selon lui. L’ancien abbé Jean-Claude Mercier a déclaré devant les juges : « Je regrette d’avoir fait des anomalies », tout en affirmant avoir « beaucoup aidé des milliers de jeunes ». Il a ajouté : « Si vous saviez tout le bien que j’ai fait. Je ne reçois qu’ingratitude. »
Malgré le risque de récidive et de pressions sur les victimes et les témoins, le juge d’instruction a décidé de maintenir ce religieux de 81 ans en détention. Néanmoins, il a demandé sa remise en liberté en raison de son état de santé et de ses conditions de détention à Tarbes. Il a déclaré devant les juges : « J’ai souffert le martyre. La détention n’est pas un hôpital, c’est normal, mais ça fait 15 jours que je n’ai pas mangé, j’ai bu un peu d’eau, parfois un yaourt. De votre décision dépendra ma vie ou ma mort. »
Une audience a également permis de faire le point sur l’enquête, qui concerne plusieurs dizaines de victimes. À l’époque, dans les années 1990 et 2000, certains des garçons violés étaient âgés de 9, 11 ou 14 ans. Certains étaient en colonie de vacances à Tarasteix, tandis qu’un autre, plus âgé, avait des problèmes d’addiction à la drogue et avait des rapports sexuels tarifés avec l’abbé afin de pouvoir acheter de l’héroïne.
Des témoins ont également décrit des situations où « des enfants étaient amenés de force » à l’abbaye Notre-Dame de l’Espérance. Il y avait des familles qui recevaient de l’argent en échange de leur silence et un planning « avec les préférés du père Mercier ».
En décembre 2022, le pape François a exclu cet ancien abbé de toute fonction cléricale. En avril 2021, une commission chargée d’enquêter sur la pédocriminalité au sein de l’Église de France a signalé ces faits au parquet de Tarbes. Jean-Claude Mercier fait l’objet d’au moins sept plaintes d’hommes qui affirment avoir été violés et agressés sexuellement par lui lorsqu’ils étaient mineurs. À l’exception de deux victimes dont les faits datent de 2006, les autres affaires sont « très anciennes et donc prescrites », a expliqué le parquet au moment de son arrestation le 11 juillet dernier.