Cécile Mamelin, vice-présidente du syndicat, exprime son appréciation envers la manière « sobre » dont Emmanuel Macron a abordé la problématique des policiers faisant l’objet de mises en examen. Néanmoins, elle déplore la pression qui serait exercée par certains membres des forces de l’ordre sur le système judiciaire.
Selon Cécile Mamelin, magistrate et vice-présidente de l’Union syndicale des magistrats, Emmanuel Macron a parfaitement assumé son rôle lorsqu’il s’est exprimé depuis Nouméa sur le dossier des policiers mis en examen pour violences. Le président a rappelé que personne n’est au-dessus des lois, tout en soulignant le nombre de policiers blessés lors des émeutes urbaines. Cécile Mamelin affirme qu’elle attendait cette parole du chef de l’État. Selon elle, les magistrats ne sont ni favorables ni opposés aux policiers, et la réaction de certains syndicats de police constitue une pression qui porte atteinte à l’indépendance de la justice.
Cécile Mamelin partage totalement l’analyse faite par Emmanuel Macron. Elle déclare que le climat de tension entre la police et la justice s’est tellement dégradé ces dernières années qu’il était nécessaire d’entendre la parole du plus haut niveau de l’État. Cette parole est mesurée et représente exactement celle des magistrats qu’elle représente. Elle affirme qu’il est important de soutenir les forces de l’ordre qui sont confrontées à des conditions très difficiles, tout en en réprimant les comportements illégitimes qui ne respectent pas les normes d’intervention et en tenant compte des circonstances. Elle rappelle également qu’un seul agent est placé en détention provisoire, ce qui signifie que la justice applique les règles du code de procédure pénale, et souligne que tous les citoyens doivent respecter le droit.
Au sujet de l’interview du Parisien dans laquelle le directeur général de la police nationale demande la libération du policier placé en détention provisoire, Cécile Mamelin déclare que cette généralisation d’un propos sans connaître le dossier la choque profondément, de même qu’elle choque de nombreux magistrats. Elle affirme qu’il ne faut pas considérer qu’il existe une justice d’exception pour les policiers, car ils sont déjà particulièrement protégés lorsqu’ils sont victimes de violences par des circonstances aggravantes pour les auteurs. Elle rappelle que les policiers ont le droit de faire usage de la force légitime pour se protéger et protéger les citoyens, mais qu’ils ne doivent pas exercer de violences illégitimes. Selon elle, si certains policiers revendiquent cela, ils remettent en question l’État de droit, ce qui est inacceptable.
En ce qui concerne l’indépendance de la justice, Cécile Mamelin affirme qu’elle est menacée par la pression exercée par certains policiers ou syndicats. Cette pression vise les magistrats instructeurs, ceux qui ont ordonné la détention provisoire et éventuellement la Cour d’appel qui examinera cette décision. Elle considère que cette pression porte atteinte à l’indépendance de la justice. Elle appelle à abandonner les raisonnements simplistes selon lesquels les magistrats seraient soit pro-policiers, soit anti-policiers. Leur rôle est de rendre justice en appliquant les textes de loi. Si des changements législatifs sont nécessaires, ce n’est pas aux magistrats de les faire, mais aux législateurs.