Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu vendredi à Nîmes, dans le sud du pays, pour aborder la question de la criminalité liée à la drogue qui a coûté cette semaine la vie à un enfant de 10 ans et à un homme de 18 ans.
Après avoir présenté ses condoléances aux familles des victimes, Darmanin a confirmé qu’une unité de 60 policiers spéciaux anti-émeutes (CRS) serait déployée dans le Gard au moins jusqu’à la fin de l’année pour lutter contre les trafiquants de drogue.
Quinze officiers de police judiciaire supplémentaires seraient également envoyés à Nîmes pour accélérer les investigations.
Il a ajouté qu’un service interministériel d’enquête (GIR) serait basé à Nîmes pour enquêter spécifiquement sur le blanchiment de l’argent du trafic de drogue.
Le ministre s’est dit ouvert à la création d’un commissariat municipal dans le quartier de Pissevin, où les deux fusillades mortelles ont eu lieu cette semaine.
« Nîmes sera, proportionnellement à ses habitants, la ville qui compte le plus d’enquêteurs », a déclaré Darmanin.
Les consommateurs jouent un rôle
Il a également évoqué les personnes qui consomment des drogues, affirmant qu’elles avaient une responsabilité partagée dans ce problème.
« S’il n’y avait pas de consommation, il n’y aurait pas de vendeurs. (…) Quiconque consomme de la drogue finance des réseaux criminels extrêmement violents, qui tuent, notamment des enfants. »
Après le décès d’un enfant de 10 ans dans le quartier Pissevin lundi, Darmanin a ordonné le déploiement des CRS-8, une unité spécialisée dans les violences urbaines, ainsi que des officiers de l’unité spéciale du RAID.
Il a indiqué que ce déploiement avait pour but de « montrer que c’est l’autorité de l’Etat qui prévaut, et non l’autorité des dealers ».
« Nous menons une guerre contre la drogue qui est difficile », a-t-il déclaré jeudi, ajoutant que malgré cela, certains progrès avaient été réalisés.
« Ces résultats donnent sans doute lieu à ces règlements de compte », a-t-il déclaré.
« Il y a 40 pour cent de policiers de plus qu’il y a quatre ans à Nîmes et trois tonnes de cannabis ont été saisies dans le Gard en 2022, contre moins d’une tonne il y a quatre ans ».
Une arrestation effectuée
Entre-temps, un homme a été arrêté jeudi soir en lien avec le décès du jeune de 18 ans à Pissevin.
La victime est décédée des suites de blessures par balle à l’abdomen, tandis que des douilles d’obus ont été retrouvées sur les lieux.
Les autorités de Nîmes ont indiqué que la fusillade a eu lieu là où l’on sait que des trafics de drogue ont lieu.
Le procureur de la République de Nîmes a précisé vendredi que la victime n’était connue des services de police que pour une infraction routière avant la fusillade.
Cependant, les quatre suspects impliqués dans la fusillade du garçon de 10 ans sont toujours en fuite.
Impunité
Le quartier Pissevin est l’un des plus importants points de vente de médicaments à Nîmes, selon Le Monde journal. Avec 70 pour cent de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, la région a gagné le label de « zone prioritaire » par le gouvernement.
Selon l’AFP, 37 personnes sont mortes dans la guerre des gangs depuis le début de l’année, soit déjà six de plus que sur l’ensemble de l’année 2022.
Ces quartiers sont considérés comme des zones de non-droit et des hommes armés « parcourent les rues en toute impunité », écrit le quotidien local. Midi Libre en janvier 2021.
Les habitants disent se sentir abandonnés par les autorités. « Nous vivons dans une insécurité totale. Il ne se passe rien, ils ne veulent pas que nous déménagions », a déclaré mardi à France Bleu une mère de famille installée à Pissevin depuis vingt ans.
« Ils préfèrent nous laisser – excusez le terme – dans la merde. »
« La violence et la délinquance sont hors de portée », a déclaré mardi sur France Bleu le syndicat SGP Police, Sandy Issartel, appelant à « au moins entre 50 et 100 renforts » permanents pour faire face à la situation.
Selon Eddy Sid, porte-parole du syndicat SGP Police FO Unit, les modes opératoires et l’âge des tueurs à gages évoluent.
« Nous avons des auteurs et des victimes qui n’ont pas plus de vingt ans, qui passent à l’acte beaucoup plus facilement qu’il y a quelques années », a-t-il déclaré sur BFMTV.