Cette semaine, Thierry Fiorile et Matteu Maestracci nous présentent les nouvelles projections cinématographiques : « Anti-squat », un film de Nicolas Silhol et « Le Ciel rouge », une œuvre réalisée par Christian Petzold.
L’augmentation de la crise du logement est un problème qui touche de plus en plus de personnes chaque année. Depuis 2009, des entités publiques et privées ont la possibilité de loger temporairement des locataires, ayant des droits restreints, dans des espaces vides et habitables. Bien que cela puisse sembler louable en théorie, la réalité révèle souvent une autre histoire.
La fondation Abbé Pierre dénonce l’apparition de compagnies de surveillance qui profitent de ce marché dans le but d’en tirer des bénéfices. Dans le film Anti-squat de Nicolas Silhol, on suit le personnage de Louise Bourgoin, Inès, une mère célibataire confrontée à une menace d’expulsion. Elle est embauchée par la société Anti-Squat en tant que « résident manager ». Elle est chargée de sélectionner les résidents, de vivre avec eux, sans son fils, tout en veillant au respect de régulations très sévères.
Ce sont généralement des travailleurs précaires qui élisent domicile dans ces espaces, souvent situés dans la périphérie de Paris. On rencontre une infirmière, un jeune enseignant, un conducteur de VTC. Six ans après Corporate, une œuvre qui abordait déjà la violence symbolique selon les termes sociologiques, Nicolas Silhol choisit de nouveau de mettre en scène une femme en situation désespérée.
Le Ciel rouge par Christian Petzold
Le cinéaste allemand nous propose cette fois une histoire se déroulant au bord de la mer Baltique, deux amis décident de se ressourcer quelques jours, tout en contemplant les feux violents qui teintent le ciel de rouge, ce qui donne le titre au film.
Au fur et à mesure que l’incendie grandit, les dangers se rapprochent et le ciel se fait de plus en plus lourd et effrayant. Ceci crée des complications pour nos deux héros, particulièrement pour Léon, qui doit finaliser la rédaction de son livre, mais qui peine à avancer. Et si sa prétention et sa susceptibilité ne suffisaient pas, il se sent encore plus malmené lorsque son éditeur ou Nadja, une personne qu’il croise pendant son séjour, émettent des doutes concernant son œuvre.
Ce film est clairement un clin d’œil à l’œuvre d’Eric Rohmer. On retrouve dans Le Ciel rouge la fraîcheur des longs-métrages estivaux et les déceptions amoureuses juvéniles. Paula Beer, l’actrice allemande, brille dans ce rôle. Cependant, le reste du casting et des personnages ne sont pas à la hauteur, ce qui est décevant. En fait, on a l’impression de voir Christian Petzold en quête d’une identité artistique, à l’époque où il réalisait ses premiers films plutôt académiques comme Barbara, puis plus rêveurs comme Ondine en 2020, celui-ci malheureusement, semble daté et peu convaincant.