Quelque 300 élèves français portaient des abayas le premier jour d’école, quelques jours après que le ministre de l’Éducation ait annoncé leur interdiction. La question de savoir ce que les élèves musulmans sont autorisés à porter dans les écoles continue de susciter des débats en France, où la réintroduction de l’uniforme sera testée à l’automne.
Sur les 12 millions d’élèves français qui ont repris le chemin de l’école lundi, 298 se sont présentés portant des abayas – des robes longues et amples portées par certaines femmes musulmanes – selon le ministre de l’Éducation Gabriel Attal, qui a annoncé une interdiction la semaine dernière.
La plupart des élèves ont accepté d’enlever leurs robes pour aller à l’école, a-t-il déclaré à la télévision BFM, tandis que 67 ont refusé et ont été renvoyés chez eux.
Attal a déclaré que le vêtement violait les strictes normes françaises laïcité, ou les règles de laïcité appliquées aux écoles depuis une loi de 2004 interdisant le port du foulard. Les critiques affirment que les abayas sont des vêtements culturels et non des symboles religieux, et que le gouvernement ne devrait pas contrôler ce que portent les gens.
La poignée d’étudiants renvoyés chez eux lundi ont reçu une lettre destinée à leurs familles « pour expliquer que laïcité ce n’est pas une contrainte, mais une liberté », a déclaré Attal, ajoutant que le ministère a déployé du personnel dans les écoles où il soupçonnait qu’il pourrait y avoir des problèmes.
Lundi, il a déclaré à la radio RTL que 513 écoles primaires, collèges et lycées, sur les 58 500 que compte le pays, avaient été identifiées comme « potentiellement concernées par ces problématiques », et que 2 000 personnes avaient été formées pour y faire face.
Défendre laïcité
Le président Emmanuel Macron s’est prononcé sur la décision d’interdire les abayas et les qamis (l’équivalent pour les hommes), soutenant le ministre dans une interview lundi à la chaîne YouTube « Hugo décrypte ».
« Nous vivons dans une société avec une minorité – des gens qui déforment une religion et remettent en question la République et le concept de laïcité», a-t-il déclaré en évoquant Samuel Paty, un enseignant décapité en 2020 par un militant islamiste qui avait découvert qu’on lui avait montré des caricatures du prophète Mahomet dans un cours sur la liberté d’expression.
Lorsque l’intervieweur a demandé au président s’il faisait un parallèle entre le terrorisme islamique et les filles musulmanes qui portent des abayas, Macron a répondu non.
« Je dis simplement que la question de laïcité dans nos écoles est un problème profond », a-t-il déclaré.
Plus tard mardi, le Conseil d’État devrait examiner une objection d’urgence à l’interdiction déposée par un groupe musulman. Conformément à la procédure, il rendra une décision jeudi après-midi.
Essai d’uniforme scolaire
Par ailleurs, Attal s’est déclaré mardi favorable à l’essai d’uniformes scolaires ou d’un code vestimentaire, pour surmonter la question de ce que les élèves peuvent ou ne peuvent pas porter à l’école.
L’uniforme était obligatoire dans les écoles jusqu’en 1968, et la question de sa réintroduction revient régulièrement, le plus souvent de la part d’hommes politiques conservateurs et d’extrême droite.
En janvier, l’épouse de Macron, Brigitte, s’est déclarée favorable aux uniformes dans une interview au Le Parisien journal selon lequel le port de l’uniforme scolaire « efface les différences » et permet d’économiser du temps et de l’argent pour s’habiller.
Attal a déclaré qu’il donnerait plus tard cet automne un calendrier pour un essai d’uniformes dans les écoles qui acceptent de participer.
« Je ne pense pas que l’uniforme scolaire soit une solution miracle qui résoudrait tous les problèmes liés au harcèlement, aux inégalités sociales ou à la laïcité », a-t-il déclaré sur BFM. Mais « il faut expérimenter, tenter des choses » pour susciter le débat.