L’écrivain franco-libanais Amin Maalouf a assumé le rôle de « secrétaire perpétuel » de l’Académie française, un organisme qui sert de gardien et de promoteur de la langue française.
Maalouf, 74 ans, a été élu cette semaine à la tête de la prestigieuse institution parisienne, devenant ainsi le 33e dirigeant de l’académie depuis sa création en 1634 par Louis XIII.
Il succède à l’historienne Hélène Carrère d’Encausse, décédée en août après avoir occupé ce poste depuis 1999.
Elle n’a pas désigné de successeur mais Maalouf, lauréat du Prix Goncourt littéraire en 1993 pour « Le Rocher de Tanios », était considéré comme un choix évident compte tenu de son rôle actif au sein de l’institution depuis son arrivée en 2011.
Les membres de l’académie, appelés « immortels » en référence à leur devise « à l’immortalité », ont choisi Maalouf plutôt que l’écrivain Jean-Christophe Rufin, le seul autre candidat.
Les deux hommes sont amis et Rufin a déclaré sa candidature à la dernière minute, craignant un manque de processus démocratique.
Un pont entre les civilisations
Maalouf est la première personnalité d’origine libanaise à diriger l’académie.
Il est né d’une mère gréco-catholique et d’un père protestant, tandis que sa grand-mère était turque et mariée à une Égyptienne.
Élevé dans la langue arabe, Maalouf parlait anglais à la maison et étudiait dans une école jésuite française.
Il a débuté comme journaliste et a fui le Liban pour la France en 1976, pendant la guerre civile.
Son premier roman, « Leo Africanus », a été publié en 1986 et il a continué à écrire principalement des romans historiques, utilisant son talent de conteur pour rendre l’histoire passée et présente du Moyen-Orient plus accessible à un public plus large.
Une grande partie des écrits de Maalouf visent à rapprocher l’Europe et le Moyen-Orient. Parmi ses œuvres non-fictionnelles les plus connues figure « Les croisades à travers les yeux arabes ».
Il fait graver les symboles du Liban (cèdre) et de la France (Marianne) sur l’épée que portent tous les « immortels » lorsqu’ils sont en costume complet.
Défis à venir
L’Académie française est chargée de fixer les règles de la langue française pour qu’elle reste « pure, éloquente et capable d’aborder les arts et les sciences ».
Parfois, il semble mener une croisade contre « l’invasion » de la langue anglaise.
L’année dernière, l’organisme s’est prononcé contre la pratique courante consistant à utiliser des termes à consonance anglaise dans la publicité française et sur l’image de marque, y compris le service à bas prix « Ouigo » (prononcé « we go ») de la compagnie ferroviaire SNCF, ou des importations de l’anglais telles que « drive ». -dans ».
Sous Carrère d’Encausse, il a même menacé de poursuites judiciaires contre le gouvernement pour avoir inclus des traductions en anglais sur les cartes d’identité nationales.

Reste à savoir comment Maalouf, anglophone couramment, abordera la question du franglais.
L’une de ses priorités immédiates sera d’achever le neuvième dictionnaire de l’Académie, sur lequel elle travaille depuis 1986 et qui est en voie d’achèvement.
En 2019, après des décennies de résistance au changement, l’académie a accepté d’autoriser la féminisation de toutes les professions.
On espère que Maalouf, considéré par ses pairs comme charismatique, pourra attirer du sang neuf et plus jeune dans l’académie.
Cinq des 40 sièges restent vacants dans cette institution très dominée par les hommes.
La première femme membre de l’académie, Marguerite Yourcenar, l’a rejoint en 1980, alors qu’aujourd’hui il n’y a que six femmes « immortelles ».