Deux jours après avoir été ébranlé par un tremblement de terre dévastateur, le Maroc a autorisé l’assistance de quatre pays comprenant l’Espagne et le Royaume-Uni, cependant il n’a toujours pas approuvé l’intervention des forces de secours françaises. Néanmoins, les dirigeants du pays ont démenti toute tension ou difficulté.
Le 11 septembre dernier, Rabat n’a pas demandé d’assistance à la France suite au tremblement de terre dévastateur survenu au sud-ouest de Marrakech durant le week-end. Cela n’a en aucun cas confirmé un stress latent. Le lundi matin, dans le cadre d’une opération de désamorçage, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a apaisé les esprits: « Il s’agit d’un débat inutile, le Maroc n’a rejeté aucune aide, ce n’est pas la bonne manière de voir les choses ». Comment alors interpréter le mutisme de Mohamed VI étant donné la proximité ancienne entre Paris et Rabat ?
Lorsque l’équipe présidentielle intervient, c’est pour démentir tout lien entre le silence du roi et l’histoire franco-marocaine. Il faut comprendre que Rabat est contrarié par la non-reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, à l’inverse de l’Espagne. Cependant, affirmer que tout va bien entre Mohamed VI et l’espagnol Pedro Sanchez serait erroné, selon un conseiller du chef d’État. De façon générale, Mohamed VI entretient des rapports tendus avec tous les pays, selon ce dernier.
Un lien qui n’est plus indispensable
Néanmoins, certains pensent qu’Emmanuel Macron aurait pu faire mieux, comme l’a clairement sous-entendu Dominique de Villepin, par exemple, lundi matin sur franceinfo. L’ancien Premier Ministre a souligné les relations personnelles « complexes » entre Emmanuel Macron et le roi du Maroc. Il faut noter que Rabat peine à saisir les efforts démesurés du président pour se rapprocher de l’Algérie, un pays qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc il y a deux ans. Cette stratégie par rapport à l’Alger a été mal comprise par beaucoup et contestée par Nicolas Sarkozy dans son dernier livre : « Dans ce jeu, nous risquons de tout perdre. Nous ne parviendrons pas à gagner l’Alger et nous perdrions le Maroc », avertit-il.
Mais l’écart grandissant entre Paris et Rabat est aussi dû à des raisons structurelles, un diplomate l’admet : la France n’a pas autant d’impact qu’avant au Maroc, qui a maintenant d’autres alliés. Le lien n’est plus fondamental, pour aucun des deux pays. Enfin, sur le plan conjonctural, la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a encouragé Rabat qui se sent plus influente et tolère encore moins l’indifférence de la France à ce sujet.