Le sportif qui a exprimé son soutien envers les Palestiniens a été mis en cause par Gérald Darmanin pour des liens supposés avec le groupe islamiste. Par le biais de son conseil juridique, il a déclaré jeudi qu’il intentait une action en justice contre le ministre de l’Intérieur.
Le soutien public de Karim Benzema à la cause palestinienne sur les réseaux sociaux n’a pas laissé indifférent. Benzema, qui a rejoint le club saoudien d’Al-Ittihad en juin dernier, est l’un des rares sportifs français à avoir commenté le conflit entre Israël et le Hamas, une semaine après le démarrage des hostilités. Dans un message publié sur X (anciennement Twitter) et qui a recueilli rapidement 600 000 « likes », le joueur a exprimé dimanche 15 octobre sa compassion envers les habitants de Gaza, qualifiant les bombardements qu’ils subissent d’injustes et ciblant sans distinction les femmes et les enfants.
1 Les allégations de Gérald Darmanin
Un jour après le post de Benzema, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a évoqué un lien entre le footballeur et les Frères musulmans, une organisation islamiste sunnite née en Egypte et entourée de controverses. Bien que désignée comme organisation terroriste par sept pays, ni la France ni l’Union Européenne ne l’ont classée dans cette catégorie. Vigoureusement réfutée par l’avocat de Benzema, maître Hugues Vigier, cette allégation était, selon lui, infondée et indigne.
En réponse aux questions de franceinfo, le ministère de l’Intérieur a expliqué ces accusations par la dérive constatée dans les prises de position de Benzema en faveur d’un islam rigoureux et dur, caractéristique de l’idéologie des Frères musulmans. En outre, le ministère a accusé Benzema de faire du prosélytisme sur les réseaux sociaux en publiant des posts sur les pratiques musulmanes telles que le jeûne, la prière, le pèlerinage à La Mecque.
En dernier lieu, Benzema a été critiqué par le ministère de l’Intérieur pour avoir « liké » un post Instagram du combattant russe de MMA Khabib Nurmagomedov, jugé comme un appel à la haine suite à la publication de caricatures du prophète Mahomet dans la presse française.
2 Une vague de réactions politiques
Valérie Boyer, a critiqué Benzema pour sa « sélectivité » dans ses prières, sans mention des victimes juives, des otages, en particulier français, ni de l’attaque islamiste à Arras. Boyer a également appelé à déchoir Benzema de son Ballon d’or, une sanction symbolique, ainsi qu’à lui retirer sa nationalité française. Marion Maréchal, figure du parti Reconquête, a également soutenu cette proposition sur les réseaux sociaux.
Nadine Morano, députée européenne, a quant à elle qualifié Benzema « d’élément de propagande du Hamas ». Elle a attaqué le joueur pour son comportement durant son passage avec les Bleus. De son côté, Frank Tapiro a dénoncé le manque de compassion de Benzema envers les otages français et les victimes de l’attentat récent.
Cependant, des membres de La France insoumise, notamment Jean-Luc Mélenchon, ont apporté leur soutien à Benzema. De même, Thomas Portes, député LFI de Seine-Saint-Denis, a dénoncé la haine raciste qui se déchaîne sur Benzema. Quant à Manon Aubry, eurodéputée insoumise, elle a dénoncé la proposition de déchéance de nationalité comme étant sans aucune base légale.
3 Benzema intente une action en justice, Darmanin maintient ses propos
Devant la controverse, Benzema a décidé de poursuivre Gérald Darmanin en justice pour diffusion de fausses informations et injures publiques. Pour son avocat Hugues Vigier, les allégations du ministre de l’Intérieur sont dénuées de fondement. Benzema, selon lui, n’a aucun lien avec l’organisation islamiste.
Vigier a également critiqué la proposition de déchéance de nationalité de Valérie Boyer, rappelant que Benzema est français, sans double nationalité. Il a par ailleurs dénoncé les attaques de Nadine Morano et Frank Tapiro.
Par ailleurs, Maître Hugues Vigier a confirmé à franceinfo que Benzema allait intenter une action en justice contre Eric Zemmour, après des propos tenus par ce dernier dans une interview à Télématin (France 2), où il avait qualifié Benzema d’islamiste.
Même si Darmanin maintient ses propos, il a toutefois déclaré qu’il reviendrait sur ses déclarations si Benzema publie un tweet sur l’assassinat de Dominique Bernard.