L’après-midi de jeudi, au cours d’une rencontre entre Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, et des membres de la chambre haute du parlement, il a été souligné que la question de la légalisation des travailleurs clandestins dans les professions nécessitant de la main d’oeuvre ne peut être réglée par une simple note circulaire.
Le dîner organisé à la Place Beauvau, où le Ministre de l’Intérieur a reçu les membres de la commission des lois du Sénat, a principalement été consacré à l’examen du controversé « article 3 », qui traite de la régulation des immigrants sans papiers œuvrant dans les professions en demande. Malgré l’élégant menu – du ceviche de crevettes, du saumon et une mousse au chocolat, le tout accompagné d’un vin blanc – le dénouement de cette question cruciale demeure indécis.
Plaider auprès de l’aile gauche progressiste
Lors de ce dîner, le Ministre de l’Intérieur s’est empressé de plaider l’importance de conserver cet « article 3 » dans la loi, même s’il devrait être révisé de manière à éviter les régulations automatiques, dans un effort pour être plus disposé au dialogue. D’après Gérald Darmanin, il serait illusoire de simplifier cette question en rédigeant un simple décret qui n’aurait pas besoin d’être adopté par vote. Il sous-entendait par là que l’adoption d’une loi est nécessaire avant tout décret, une déclaration susceptible de rassurer les progressistes de la majorité présidentielle, qui s’inquiètent chaque fois que les efforts de régulation sont compromis pour plaire au parti conservateur.
Les sénateurs Républicains étaient plutôt rares à dîner. La raison ? Le leader du parti, Bruno Retailleau, a interdit à ses collègues de participer au dîner à Beauvau. Il refusait que les conservateurs tombent dans le « piège du charme » de Gérald Darmanin. Seul le président de la Commission des lois, François-Noël Buffet, et la rédactrice du texte, Muriel Jourda, ont été autorisés à y assister. Une sénatrice Républicaine indisciplinée a également outrepassé l’interdiction.
Selon les autres convives, François-Noël Buffet n’a pas beaucoup parlé. Les Républicains continuent de maintenir la régulation comme un point de friction, ce qui finit par agacer leurs alliés centristes au Sénat. « Ils commencent à nous irriter, se plaint l’un d’eux, ajoutant des conditions chaque jour pour finalement refuser de voter la loi sur l’immigration de toute façon ». Le débat sur ce texte reprendra le 6 novembre à l’Assemblée.