« Si vous vous retrouvez en conflit, il vous sera impossible de diriger », a alerté le chef du MoDem et ex-titulaire du poste de ministre de la Justice.
Une critique formelle et justifiée
François Bayrou, le président du MoDem et partenaire de la machine Macron, a exhorté le 30 septembre à faire une « révision totale de la stratégie de gouvernance ». « Pour moi, diriger ne se résume pas à exercer le pouvoir au nom du peuple pour une durée déterminée, mais à le faire en collaboration avec le peuple », a affirmé l’ancien ministre durant la rentrée universitaire du MoDem à Guidel (Morbihan), suivant les interventions des chefs des autres partis de la majorité d’Emmanuel Macron, Stéphane Séjourné (Renaissance) et Edouard Philippe (Horizons).
Selon François Bayrou, « La démocratie est un système où les citoyens sont considérés comme cogestionnaires. La démocratie implique de prendre au sérieux le fait que ceux qui vous ont élu sont également des décideurs. Et ce, pas seulement tous les cinq ans. Cela nous impose de repenser notre façon de diriger. On n’en est pas encore là. Parce que, généralement, ceux au pouvoir pensent que les choses sont toujours comme avant. Les dirigeants sont convaincus qu’il suffit simplement de tenir bon », a-t-il expliqué.
Un déficit de « compréhension mutuelle »
Cependant, « à une époque où les écrans sont omniprésents et les réseaux sociaux omnipotents », une telle approche « est inimaginable », a déclaré l’ancien ministre. « L’influence de l’opinion publique est telle que si cette compréhension mutuelle et partagée n’existe pas, alors nous nous retrouvons dans une situation de confrontation. Et si nous sommes en conflit, il devient impossible de gouverner », a averti François Bayrou, allié d’Emmanuel Macron depuis 2017. « Si nous n’arrivons pas à y parvenir (…) je pense que la démocratie n’y survivra pas », a jugé le leader du MoDem.
« Quand on est au pouvoir et que l’on dispose d’informations qui nous poussent à prendre des décisions, généralement, on hésite à les partager. C’est une réalité, car tout le monde sait que l’information, c’est aussi le pouvoir », a affirmé François Bayrou, qui a souvent déploré le manque de pédagogie du gouvernement lors de la réforme des retraites. « Cet effort unique n’est entrepris nulle part ailleurs dans le monde. Il nous appartient, et ce n’est pas la première fois dans l’histoire, de mener cette réinvention de la démocratie », a-t-il conclu.