La députée de la France Insoumise Danièle Obono se voit actuellement au centre d’une controverse suite à ses commentaires sur le Hamas, le qualifiant de « mouvement de résistance » mardi dernier. Ce qui a suscité l’irritation non seulement de ses collaborateurs de gauche, mais aussi d’un certain nombre de ses compagnons de sa propre formation politique, la France Insoumise.
Nouvelle controverse pour La France Insoumise
Un nouveau débat houleux entoure La France Insoumise (LFI) suite au refus initial du parti de catégoriser le Hamas comme une organisation « terroriste ». Les propos tenus par Danièle Obono définissant le Hamas comme un « groupe politique islamiste avec une section armée » sur Sud Radio le mardi 17 octobre ont ravivé la controverse. En sus, la députée LFI de Paris a affirmé que, oui, le Hamas était un « mouvement de résistance », lors d’une interview avec Jean-Jacques Bourdin, alimentant davantage la polémique. Son affirmation a poussé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à saisir le procureur de la République pour « apologie du terrorisme » quelques heures plus tard.
Les commentaires de la députée de Paris ont également été critiqués par les associés de LFI au sein du Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). « Je suis enragé », a déclaré Olivier Faure, le Chef des Socialistes sur le réseau social X, qualifiant ces déclarations de « scandaleuses », et ce, après avoir proposé un « moratoire » concernant la participation du PS à la Nupes quelques heures plus tôt. « Il faut arrêter », a par ailleurs déclaré Marine Tondelier, la dirigeante des écologistes, également sur la plateforme X, notant que « ce qui s’est passé en Israël le samedi 7 octobre n’a rien à voir avec la ‘résistance' ».
LFI : des divergences internes apparaissent
LFI n’échappe pas à la controverse au sein même du parti. Plusieurs membres s’interrogent sur l’attitude de leurs dirigeants face à ce conflit. Clémentine Autain, députée du mouvement, a critiqué sur RTL le fait que LFI n’ait pas utilisé le mot « terroriste » pour décrire le Hamas, qualifiant cela de « faute politique ».
Raquel Garrido, députée de Seine-Saint-Denis, a exprimé une « certaine frustration » parmi les « insoumis historiques » en discutant dans les couloirs de l’Assemblée nationale mardi. « Nous ne parvenons pas à élaborer une position commune », a-t-elle déclaré, ajoutant que son parti est « en échec ». Elle a exhorté sa camarade Danièle Obono à « se rétracter ». « Le Hamas n’est PAS un mouvement de résistance », a soutenu le député LFI Alexis Corbière, une affirmation partagée par François Ruffin.
Après l’attaque du Hamas contre Israël, la situation était l’inverse : Alexis Corbière avait « partagé » le tweet de l’Amiénois sur « la condamnation absolue de l’attaque du Hamas ».
Les dirigeants de LFI restent unis
Les dirigeants de LFI ne semblent pas être ébranlés par ces remous internes, insistant sur le fait que cette stratégie vise à déstabiliser l’union des gauches. Mathilde Panot, la chef des députés insoumis, a déclaré en conférence de presse que « ce qui pose problème, c’est de ne pas respecter le programme pour lequel nous avons tous été élus ». Danièle Obono a ajouté sur le réseau social X que « ceux qui cherchent à détruire cette alternative à la Macronie et à l’extrême droite sont irresponsables ».
Danièle Obono a reçu le soutien de nombreux de ses collègues qui ont refusé de critiquer ses propos et qui ont exprimé leur agacement face au reste de la classe politique et des médias. Selon le député LFI Arnaud Le Gall, le fait que LFI soit « constamment sommée de se justifier par rapport au Hamas » est problématique alors que « mais il est impossible d’avoir en France des débats sur les causes politiques et sur le soutien accordé par le gouvernement israélien au Hamas ».
Il est important de noter que les quelques voix dissidentes à l’interne sont essentiellement celles qui ont été écartées de la direction du mouvement en 2022, dont Clémentine Autain, Alexis Corbière, François Ruffin et Raquel Garrido.
La posture de Jean-Luc Mélenchon fait débat au sein même de LFI
Pour la première fois, le rôle de Jean-Luc Mélenchon est pointé du doigt, un an et demi après son départ de l’Assemblée nationale. « Jean-Luc Mélenchon a ajouté de la confusion, c’est une erreur », a déclaré Raquel Garrido, mardi.
La critique des partenaires de la Nupes a également ciblé l’ancien candidat à la présidentielle. « Jean-Luc Mélenchon (…) ne peut plus prétendre représenter l’ensemble de la gauche et de l’écologie », a déclaré Olivier Faure, le chef du PS, mardi sur France Inter.
Les forces de LFI resteront-elles imperturbables face à l’appel des socialistes ? La crise actuelle va-t-elle diviser le collectif de 75 députés de l’insoumission ? Le Figaro a révélé dimanche que des discussions se tenaient parmi certains d’entre eux pour créer un nouveau groupe, dont le seuil minimum est fixé à 15 députés. Raquel Garrido est ferme : « Je suis et resterai insoumise ».