Les films à l’affiche cette semaine présentés par Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : « Le Ravissement », une réalisation d’Iris Kaltenbäck et « La Fiancée du poète », un film signé Yolande Moreau.
Dans L’Extase d’Iris Kaltenbäck, le personnage principal est Lydia, une sage-femme incarnée par l’époustouflante Hafsia Herzi. Abandonnée sans préavis par son petit ami, elle commence à vagabonder à travers Paris pendant la nuit, tout en travaillant dans une maternité. Elle se livre à sa globale amie Salomé, dont l’accouchement est imminent. Lorsque l’enfant naît, Lydia se prend d’affection pour lui, au point de le dorloter constamment. La situation se complique lorsque Milos, un chauffeur de bus rencontré lors de ses errances nocturnes, croit être le père de l’enfant. Lydia, perturbée, lui confirme sa paternité.
La question du mensonge est essentielle dans ce film et constitue l’un des points clés qui ont attiré Iris Kaltenbäck. Fondé sur une histoire réelle, L’Extase est un film magnifique, raffiné et imposant, mais également troublant. Le film évite de juger ses personnages et repose fortement sur l’implicite et les secrets. De nombreuses questions liées à l’instabilité, aux relations sociales et à la maternité sont abordées avec finesse, sans être exposées de manière brutale. Le film contient également des scènes d’accouchement presque réalistes.
Les performances de Hafsia Herzi, Alexis Manenti et Nina Meurisse méritent une mention spéciale. Herzi offre une performance encore plus remarquable que d’habitude, tandis que Manenti et Meurisse sont également très convaincants dans leurs rôles.
L’Amoureuse du poète de Yolande Moreau
Yolande Moreau présente son troisième film en tant que réalisatrice, et elle interprète Mireille, une femme qui revient dans son village près de Charleville-Mézières après une longue absence. Mireille travaille à la cafétéria de l’école des Beaux-Arts, vit dans la maison familiale malgré son mauvais état et décide de louer des chambres pour compléter ses revenus tout en s’adonnant à de petits trafics.
Mireille devient une figure maternelle pour une bande de rebuts de la société : un jardinier qui se travestit en femme la nuit, Grégory Gadebois, un immigré turc sans papiers, le toujours amusant Esteban et un étudiant en beaux-arts contrefacteur, l’inoubliable Thomas Guy.
Le film contient de la poésie et de l’humour, et aussi de l’amour avec le retour de l’homme qui avait jadis brisé le cœur de Mireille, interprété par Sergi Lopez. C’est du pur Yolande Moreau, mélancolique mais avec une utopie tangible qui donne de l’espoir à ce groupe attachant. On ressent le plaisir qu’ont eu les acteurs à tourner ce film, ce qui n’est jamais une mauvaise chose.