Durant la Paris Games Week qui démarre ce mercredi dans la capitale française, nous avons eu l’opportunité de discuter avec Thierry Noël, un historien recruté par l’entreprise Ubisoft pour doter les équipes artistiques des détails précis nécessaires à la recréation fidèle de l’ère illustre de la ville.
« En tant qu’amoureux de l’histoire, je n’aurais jamais pensé que je pourrais combiner ma passion pour les jeux vidéo et la recherche. » Thierry Noël est un éducateur dont on aurait rêvé de croiser le chemin pendant ses études. Après avoir enseigné de la sixième à la terminale au lycée franco-bolivien de La Paz, il est devenu historien à temps plein chez Ubisoft, le studio français à l’origine de Assassin’s Creed Mirage, le dernier chapitre d’une saga suivie par plus de 200 millions de joueurs à travers le monde. Cet opus propose l’exploration de Bagdad, au IXe siècle, en jouant une nouvelle fois le rôle de Basim, qui aspire à devenir un assassin confirmé.
Afin de reconstituer la ville, ses dômes, ses palais, le grand marché et le port, Thierry Noël et son équipe se sont immergés dans les sources archéologiques et ont consulté des experts universitaires pour fournir aux concepteurs tous les éléments nécessaires à la modélisation la plus réaliste de Bagdad. « Notre décision de choisir cette période pour le jeu est cruciale : un moment de tensions politiques et sociales extrêmes, avec des conspirations de toutes sortes dans une ville qui était alors un centre économique mondial », explique l’historien à 42mag.fr. Tous les ingrédients étaient donc réunis pour la réussite d’Assassin’s Creed Mirage.
La précision dans les moindres détails, des tissus aux briques
Chaque détail compte. « La vieille ville a été détruite lors d’un pillage au XIIIe siècle, il a donc fallu chercher les quelques sources écrites et descriptions disponibles… Nous nous sommes également interrogés sur les types de tissus, de matériaux. La ville est construite en brique crue, ce qui nous donne des indices », continue l’enthousiaste. « Lorsqu’il nous manque des informations pour reproduire exactement, nous visons à être le plus authentique possible. Nous allons jusqu’à envisager ce que nous pourrions trouver sur un stand de marché et comment les gens s’habilleraient, différenciant les différentes origines présentes au IXe siècle. » Le scénario s’intègre à l’histoire réelle, les deux étant désormais indissociables.
Le jeu offre aussi la possibilité de découvrir Bagdad et ses sites emblématiques sans avoir à assommer un garde ou voler un commerçant. « Cela peut même être un outil pédagogique dynamique, bien sûr en l’associant au travail d’un enseignant. Peut-il inspirer des vocations d’historien ou d’archéologue ? Je l’espère », conclut Thierry Noël. Pour le lancement du jeu, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak a fait le déplacement jusqu’aux studios d’Ubisoft, marque de reconnaissance d’une industrie culturelle exigeante, en plein essor, dont le chiffre d’affaires dépassent désormais ceux du cinéma et de la musique réunis.