Mardi, une opération policière d’envergure a abouti à l’arrestation de 41 individus liés à une secte internationale de yoga, dirigée par le gourou Gregorian Bivolaru.
Des pratiques sectaires camouflées par la pratique du yoga
Le mardi 28 novembre, 41 personnes ont été arrêtées sous suspicion de liens avec la secte internationale Atman, connue pour ses activités controversées dans le domaine du yoga tantrique. Parmi ces personnes figure Gregorian Bivolaru, le fondateur et gourou de ce mouvement. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ?
La définition d’une secte
En France, il n’existe pas de définition juridique claire d’une secte. La Miviludes, mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, souligne que le législateur français a toujours choisi de respecter toutes les croyances et de rester fidèle au principe de laïcité. Chacun a le droit de croire en ce qu’il veut et de pratiquer sa religion librement, ce qui est garanti par la liberté de croyance, d’opinion ou de religion telle que définie dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen.
Les « dérives sectaires »
Le concept de dérives sectaires n’a pas non plus de définition juridique en France. Il s’agit plutôt d’un ensemble de comportements qui peuvent être identifiés par plusieurs critères, tels que la déstabilisation mentale, la contrainte financière excessive, l’isolement de la victime de son entourage, ou les atteintes à son intégrité physique. Ces critères doivent être réunis pour établir l’existence d’une dérive sectaire. La déstabilisation mentale, en particulier, est un point crucial, car le Code pénal sanctionne l’abus de faiblesse sur une personne soumise psychologiquement. Gregorian Bivolaru est justement visé par ces accusations, avec des chefs d’accusation allant d’abus de faiblesse à la traite d’êtres humains en bande organisée.
Atman, la secte internationale de yoga démantelée
La secte Atman, anciennement connue sous le nom de Misa, a été fondée en 1990 en Roumanie par Gregorian Bivolaru. Cette organisation, présente dans une trentaine de pays, dont la France, offre des cours de yoga tantrique dans le but de conditionner les participants à accepter des relations sexuelles grâce à des techniques de manipulation mentale. Selon les enquêtes, les stages organisés par Bivolaru visaient à inciter les participants à des activités sexuelles et/ou physiques, et le gourou lui-même aurait encouragé les femmes à avoir des rapports sexuels avec lui et à se livrer à des pratiques pornographiques rémunérées en France et à l’étranger. L’instruction judiciaire ouverte contre lui et l’organisation Atman inclut des chefs d’accusation allant d’abus de faiblesse à la traite d’êtres humains en bande organisée.
Le « yoga tantrique »
Les adeptes d’Atman sont attirés par le tantrisme, une pratique qui suscite un intérêt croissant dans le monde occidental. Mais le néo-tantra, qui est une reformulation de certaines pratiques tantriques, est souvent associé à des comportements sexuels prédateurs, comme c’est le cas avec Atman. Les pratiques de yoga néo-tantriques alimentent ainsi un comportement sexuel prédateur, selon les spécialistes.
L’ampleur du phénomène sectaire en France
Selon les estimations de la Miviludes, environ 500 groupes sectaires sont actuellement présents en France, rassemblant environ 500 000 adeptes. De plus, on estime à 60 000 à 80 000 le nombre d’enfants élevés dans un contexte sectaire. Le nombre de signalements pour dérives sectaires est en hausse de 86 % en cinq ans, ce qui a poussé le gouvernement à présenter un projet de loi visant à renforcer l’arsenal juridique de lutte contre les sectes, qui sera débattu au Parlement mi-décembre.