Dimanche dernier, Emmanuel Macron a fait part de son projet de loi visant à intégrer le droit des femmes à opter pour une interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. Cette déclaration représente avant tout un acte symbolique.
En France, le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) fait consensus parmi les responsables politiques. Cependant, ce n’est pas le cas partout dans le monde, avec des régressions notables aux États-Unis et même dans certains pays de l’Union européenne. Visant à renforcer sa position de leader auprès des progressistes à l’approche des élections européennes, Emmanuel Macron a décidé d’inscrire l’IVG dans la Constitution française.
Cette initiative sert aussi de diversion bienvenue pour le président. En pleine augmentation des menaces terroristes en France, la loi sur l’immigration que Macron avait promis il y a plus de douze mois n’a toujours pas été adoptée, faute de majorité pour le soutenir. Cette stratégie de diversion ressemble fortement à la précédente : Macron avait déjà mentionné l’inscription de l’IVG dans la constitution le 8 mars, en pleine controverse sur la réforme des retraites.
Emmanuel Macron souhaite marquer l’histoire de son empreinte
Se réapproprier la question de l’IVG sert aussi les intérêts du président en prévenant un référendum. Avec la procédure parlementaire bien entamée, Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise, était sur le point de proposer un référendum sur ce sujet. C’est précisément ce que Macron cherchait à éviter, car le sujet est source de clivages. L’Élysée ne veut pas donner une plateforme trop importante à ceux qui s’opposent à la loi. D’où l’initiative du président de proposer un projet de loi qui permettrait un vote par le Congrès, regroupant l’Assemblée nationale et le Sénat, évitant ainsi un référendum populaire.
Pour laisser son empreinte, Macron sait qu’il doit implanter fermement ses réformes dans la société française. Chaque président est associé à une grande réforme : Mitterrand avec l’abolition de la peine de mort, Giscard d’Estaing avec la dépénalisation de l’avortement, et Hollande avec le mariage entre personnes du même sexe. Jusqu’à présent, la seule avancée significative pour Macron dans ce domaine est l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, une réforme plusieurs fois différée et introduite avec beaucoup de précautions. Il souhaite donc maintenant marquer son mandat par une avancée majeure, sans prendre trop de risques. Selon l’Ifop, l’inscription du droit à l’IVG dans la constitution est jugée favorable par près de 90% des Français.