Pendant que l’administration Attal indique un tournant vers le conservatisme, une initiative de séparation commence à prendre forme parmi les représentants de la majorité avec une tendance de gauche.
La législation sur l’immigration et une formation gouvernementale qui s’oriente vers la droite, dont un bon nombre d’anciens ministres sous la présidence de Nicolas Sarkozy, crée une ambiance lourde au sein de l’aile gauche de la majorité. L’idée de la création d’un groupe dissident fait fureur à une semaine de la reprise des sessions à l’Assemblée nationale, un groupe qui serait de gauche mais qui resterait fidèle à la majorité. Le virage à droite du « macronisme » provoque l’indignation et le malaise de certains.
« Il existe une véritable division, un mal profond, je ne suis plus disposée à m’impliquer », confie à 42mag.fr un membre du côte gauche, promoteur du projet de bifurcation, avec une certaine mélancolie pour les débuts de l’ère Macron. Toutefois, il est hors de question de se séparer « pour les torts raisons », avec « du ressentiment, de l’amertume ». L’objectif est d’affirmer une position sur des « totems de gauche » : « solidarité, humanité, transition écologique », au sein de la majorité et non au sein de l’opposition.
Des anciens ministres pour diriger ce groupe dissident ?
Quelques uns envisagent la présence de ministres issus de la gauche, qui viennent de quitter ou pourraient quitter leur poste actuel. Comme l’ancienne Première ministre, Elisabeth Borne : « Si elle décline des rôles au gouvernement c’est qu’elle a quelque chose en tête », suppose un conseiller ministériel. « Il ne faut pas négliger son potentiel perturbateur ».
Le nom de Clément Beaune, précédemment ministre des Transports, est aussi évoqué. Il semble, en effet, recevoir des messages l’incitant à reprendre son siège de député et à organiser la fronde, à condition qu’il ne retourne pas au gouvernement.
Cependant, rien n’est encore défini. Ont-ils vraiment intérêt à agir de la sorte ? « 2024 n’est pas une année qui se décidera à l’Assemblée », conclut un conseiller. « Le feu de la politique va se déplacer sur les plateaux et les rassemblements » en amont des élections européennes, ce qui pourrait dissuader certains députés à s’affranchir.
Des discussions secrètes en cours
Les partisans de ce dédoublement peuvent-ils y parvenir ? S’ils parviennent à se compter, ils sont -sur une trentaine de législateurs de tendance de gauche – seulement sept ou huit prêts à s’engager. Il faut chercher les autres, les persuader. Des rencontres « informelles » pour ne pas dire clandestines, ont lieu dans les salles de réunion du palais Bourbon. Elles ne sont pas planifiées à l’avance, pour ne pas éveiller les soupçons et éviter que ces rendez-vous soient considérés comme une trahison : « le jour où nous déciderons de partir, ils nous cloueront au pilori », craint un participant.